Écrire Des personnes réfugiées risquent d’être expulsées

Les ressortissant·e·s vénézuéliens au Pérou ne peuvent plus demander une protection temporaire, qui permettait aux réfugié·e·s de régulariser leur situation migratoire. Le 14 novembre, le gouvernement péruvien a publié le décret-loi n° 1582, qui ordonne l’expulsion de toutes les personnes étrangères en situation irrégulière et met donc en danger les très nombreux Vénézuélien·ne·s qui n’ont pas pu demander une protection temporaire avant l’échéance du 10 novembre.

La procédure en 24 heures qui a été établie pour ces expulsions est incompatible avec les garanties d’une procédure régulière, avec le principe de « non-refoulement » et avec l’obligation internationale qui incombe au Pérou de protéger les personnes ressortissantes du Venezuela.

Amnesty International demande au gouvernement péruvien d’abroger immédiatement ce décret.

En août 2023, plus de 25 % de la population du Venezuela – soit plus de 7,71 millions de personnes – avait fui des violations massives des droits humains. Cela représente une personne sur quatre dans ce pays, et ce chiffre n’arrête pas de croître. Depuis mai 2022, 1,4 million de personnes ont fui le pays. Plus de 80 % de ces personnes se trouvent en Amérique latine et dans les Caraïbes. Parmi elles, 70 % se trouvent en Colombie (2,9 millions), au Pérou (1,5 million), en Équateur (475 000) et au Chili (444 000).

En dehors de l’Amérique latine et des Caraïbes, les 10 premiers pays d’accueil comprennent les États-Unis, qui se trouvent au troisième rang et qui accueillaient sur leur territoire 545 000 Vénézuélien·ne·s en septembre 2021. Ce nombre a depuis fortement augmenté puisqu’il croît de jour en jour, les Vénézuélien·ne·s continuant d’être l’une des principales nationalités qui arrivent aux États-Unis par la frontière et dans le cadre de programmes d’admission conditionnelle (parole programs).

Amnesty International pense que les ressortissant·e·s vénézuéliens qui fuient leur pays ont besoin d’une protection internationale et qu’ils devraient officiellement obtenir le statut de réfugié compte tenu des menaces qui pèsent sur leur vie, leur sécurité et leur liberté en raison des violations massives des droits humains commises au Venezuela. Ces personnes ne devraient donc pas être renvoyées au Venezuela ni dans d’autres lieux où leur vie et leurs droits fondamentaux sont menacés. Or, un nombre croissant de pays, notamment les États-Unis, ont recommencé à procéder à des renvois par avion au Venezuela en violation du droit international relatif aux droits humains et aux personnes réfugiées.

Cette crise touche de façon disproportionnée les femmes et les filles vénézuéliennes. En 2022, Amnesty International a publié le rapport Unprotected : Gender-based violence against Venezuelan refugee women in Colombia and Peru, qui révélait que du fait de l’absence d’accès à la protection internationale et à la régularisation du statut migratoire, ainsi que des obstacles entravant l’accès aux services de santé, à la justice et à des centres d’accueil, le Pérou, l’Équateur et la Colombie ne respectaient pas leurs obligations de prévenir et de combattre les violences fondées sur le genre infligées à des réfugiées vénézuéliennes.

En septembre 2023, dans le rapport Regularization and protection : International obligations for the protection of Venezuelan nationals, l’organisation a conclu que ni la Colombie, ni l’Équateur, ni le Pérou, ni le Chili n’ont respecté leur obligation d’offrir une protection internationale ou une protection complémentaire aux Vénézuélien·ne·s. Le nombre de ressortissant·e·s vénézuéliens ayant obtenu le statut de réfugié est extrêmement faible dans ces quatre pays et les difficultés d’accès aux droits fondamentaux aggravent la vulnérabilité de ces personnes.

Face à l’inefficacité des systèmes d’asile, des pays ont mis en place d’autres mesures pour la régularisation du statut migratoire, comme au Pérou. Cependant, aucune d’entre elles n’est conforme aux normes internationales pour une protection complémentaire et elles sont loin d’être équivalentes à l’asile. L’accès à ces mesures est souvent limité par des restrictions concernant la date d’entrée dans le pays ou la date de dépôt de la demande, ou par le coût financier. Elles n’apportent pas non plus de protection efficace contre les renvois forcés ou d’autres violations des droits fondamentaux.

L’État péruvien a pris plusieurs mesures qui mettent en danger les réfugié·e·s vénézuéliens. En 2020, Amnesty International a publié une action urgente en raison du risque d’expulsions forcées auquel étaient exposés les ressortissant·e·s vénézuéliens et d’autres personnes pendant la pandémie de COVID-19, à une époque où de nombreux réfugié·e·s vénézuéliens se trouvaient dans une situation de vulnérabilité accrue. En novembre 2021, une autre action urgente a été publiée pour demander aux autorités péruviennes d’accorder à des enfants vénézuéliens le statut migratoire humanitaire, qu’elles leur avaient indûment refusé. Ces deux initiatives ont fini par porter leurs fruits.

En 2023, Amnesty International a publié une lettre ouverte adressée aux président·e·s du Pérou et du Chili pour leur faire part de sa grande inquiétude concernant la situation critique des personnes ayant besoin d’une protection internationale à la frontière entre le Chili et le Pérou, en raison de mesures adoptées par leurs gouvernements respectifs, notamment le déploiement des forces militaires et la déclaration de l’état d’urgence.

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