Écrire Un militant en faveur des droits humains condamné à six mois de prison

Gambira a été condamné à six mois de prison assortis de travaux forcés par un tribunal du Myanmar. Cet homme est un prisonnier d’opinion. Il est à craindre que son maintien en détention exacerbe les problèmes déjà graves de santé mentale dont il souffre. Il doit être remis en liberté immédiatement et sans condition.

Le 26 avril, un tribunal de Mandalay, deuxième ville du Myanmar, a condamné Gambira, ou Nyi Nyi Lwin, à six mois de prison assortis de travaux forcés après l’avoir déclaré coupable d’infractions liées à la législation en matière d’immigration. Cette condamnation a été prononcée en dépit de l’annonce récente du nouveau gouvernement du Myanmar, qui a déclaré qu’il s’efforcerait de faire libérer tous les prisonniers d’opinion au plus tôt. Amnesty International pense que l’affaire contre Gambira repose sur des motifs politiques et que cet homme a été pris pour cible en raison de ses actions passées en tant que militant pacifique en faveur des droits humains. Gambira souffre de graves problèmes de santé mentale et il est à craindre que son maintien en détention ait des conséquences néfastes sur sa santé déjà fragile. D’après sa famille, il ne compte pas faire appel du verdict. Gambira est toujours en détention à la prison d’Oh Bo, à Mandalay.

Gambira a été arrêté à Mandalay le 19 janvier 2016, plusieurs jours après être entré au Myanmar depuis la Thaïlande, où il vit. Il s’était rendu au Myanmar pour une demande de passeport et a franchi la frontière à un point de passage officiel sans rencontrer aucun problème avec les agents de l’immigration myanmars ou thaïlandais. Il a plus tard été inculpé d’entrée illégale dans le pays, au titre de l’article 13(1) de la Loi sur l’immigration de 1947 (Législation d’exception), chef d’accusation passible d’une peine pouvant aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. La Loi sur l’immigration (Législation d’exception) a été utilisée par le passé pour inculper des personnes dans le cadre d’affaires motivées par des considérations politiques.

Gambira avait déjà été arrêté, en 2007, pour son rôle à la tête des manifestations antigouvernementales, mouvement baptisé la « Révolution de safran », qui ont eu lieu en août et septembre 2007. Les autorités ont mis fin aux manifestations en les réprimant violemment fin septembre 2007.

Gambira a été condamné en novembre 2008 à une peine de 68 ans d’emprisonnement au titre de diverses lois. Il a été libéré le 13 janvier 2012 à la faveur d’une grâce présidentielle. À sa libération, il a continué de militer et a été placé en détention à deux reprises pendant de courtes périodes par la police du Myanmar. En avril 2012, Gambira a décidé de quitter la robe et de regagner l’état laïc et il s’est plus tard installé en Thaïlande afin de bénéficier d’un traitement médical spécialisé pour le syndrome de stress post-traumatique dont il souffre en raison de ses années passées en prison.

Le 7 avril 2016, le gouvernement du Myanmar, dirigé par la Ligue nationale pour la démocratie (NLD), a annoncé qu’il s’efforcerait de libérer tous les prisonniers d’opinion et prisonniers politiques dans les meilleurs délais. Depuis, des dizaines de prisonniers d’opinion ont été libérés, dont plusieurs le 17 avril à la faveur d’une grâce présidentielle. Amnesty International demande la libération de tous les prisonniers d’opinion encore en détention et de toutes les autres personnes détenues arbitrairement au Myanmar, y compris Gambira.

Le 24 mars 2016, Amnesty International a publié un rapport sur l’emprisonnement politique au Myanmar qui mettait en lumière l’inquiétante érosion, depuis le début de l’année 2014, des libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique retrouvées depuis peu dans le pays. Ce rapport indique que les autorités inculpent des militants plusieurs fois pour un même acte ou la même manifestation afin d’allonger les peines d’emprisonnement, retiennent des chefs d’accusation excluant une libération sous caution afin de maintenir les personnes visées en détention pendant leur procès et inculpent des défenseurs des droits humains et des militants politiques de nombreux mois, voire de nombreuses années, après les infractions alléguées. Ces méthodes servent à créer un climat de peur parmi les défenseurs des droits humains et les autres militants dans le pays.

Le rapport présente un certain nombre de recommandations adressées au nouveau gouvernement et visant à mettre fin au cycle des arrestations et des placements en détention motivés par des considérations politiques. En plus d’appeler à la libération de tous les prisonniers d’opinion, le rapport demande également au nouveau gouvernement de réformer les lois répressives et d’accorder des mesures de réadaptation aux anciens prisonniers d’opinion et prisonniers politiques. Voir le rapport New expression meets old repression : ending the cycle of political arrest and imprisonment in Myanmar (https://www.amnesty.org/en/documents/asa16/3430/2016/en/), en anglais, ou sa synthèse Le peuple s’exprime, et de nouveau le pouvoir réprime (https://www.amnesty.org/fr/documents/asa16/3649/2016/fr/), traduite en français.

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