Écrire Des étudiant·e·s arrêtés pour une manifestation pacifique

Le 17 mai, six étudiant·e·s de l’université du Zimbabwe, Benjamin Watadza, Emmanuel Chitima, Comfort Mpofu, Lionel Madamombe, Gamuchirai Chaburumunda et Darlington Chigwena, ont été arrêtés pour avoir organisé une manifestation pacifique à Harare, la capitale du pays.

L’objectif de ce rassemblement était de réclamer la fin des persécutions à l’encontre de personnalités politiques d’opposition, dont Job Sikhala. Cinq des étudiant·e·s susmentionnés sont détenus depuis leur arrestation et ont manqué leurs examens après s’être vu refuser une libération sous caution. En outre, ils ont émis le souhait de passer des « examens spéciaux », mais l’université du Zimbabwe n’a pas accédé à leur demande.

Amnesty International appelle les autorités zimbabwéennes à libérer immédiatement ces étudiant·e·s.

Le Zimbabwe continue sans relâche de réprimer la dissidence, intensifiant ses attaques et ses actes de harcèlement à l’approche des élections prévues pour le 23 août 2023. Le droit à la liberté d’expression est fortement et presque intégralement réprimé, ce qui se traduit par des arrestations et/ou un recours injustifié ou excessif à la force par les forces de sécurité. Les membres de l’opposition n’obtiennent pas l’autorisation de la police et, même si c’est le cas, cela se solde parfois par de violentes attaques de la part de membres du parti au pouvoir, la ZANU-PF.

Les six étudiant·e·s cités ne sont pas les seuls à être persécutés pour avoir manifesté au Zimbabwe. Cecilia Chimbiri, Joanah Mamombe et Netsai Marova, qui appartiennent toutes les trois à la CCC, ont été arrêtées en mai 2020 à un barrage routier érigé par la police à Harare, la capitale du pays, parce qu’elles avaient mené une manifestation antigouvernementale contre la réaction des autorités face à la pandémie de COVID-19 et à la faim généralisée dans le pays. Le même jour, elles ont été victimes de disparition forcée alors qu’elles se trouvaient aux mains de la police. Cecilia et Joanah ont été relaxées des chefs de « publication ou communication de fausses déclarations portant préjudice à l’État » à l’issue d’une procédure judiciaire qui a duré plus de deux ans. L’État les accusaient d’avoir simulé leur enlèvement.

En 2022, Tsitsi Dangarembga, autrice et militante zimbabwéenne, et la militante Julie Barnes ont chacune été condamnées pour « incitation à la violence » à une peine de six mois de prison avec sursis pour avoir participé aux manifestations du 31 juillet 2020. Elles ont finalement eu gain de cause en appel.

Le 5 avril 2023, Fadzayi Mahere, porte-parole nationale de la CCC, a été déclarée coupable de « publication ou communication de fausses déclarations portant préjudice à l’État » et condamnée à payer une amende de 500 dollars des États-Unis, après avoir diffusé sur Twitter une vidéo affirmant qu’un policier avait tué un bébé, bien que la loi en vertu de laquelle elle a été condamnée n’existe pas.

Le 28 avril 2023, Jacob Ngarivhume a été déclaré coupable et condamné à 48 mois de prison, dont 12 mois avec sursis, sur la base de charges d’incitation à la violence, pour avoir simplement exercé son droit à la liberté d’expression. Il avait été arrêté, puis inculpé, après avoir mené et organisé des manifestations contre la corruption le 31 juillet 2020.

Certaines de ces condamnations ont été annulées par la Haute Cour du Zimbabwe. Cependant, les autorités parviennent toujours à envoyer un message en montrant ce qui arrive aux personnes qui critiquent le gouvernement, aux militant·e·s et aux membres de l’opposition.
Les étudiant·e·s cités manifestaient contre l’incarcération prolongée de Job Sikhala, qui a été arrêté en juin 2022, aux côtés de Godfrey Sithole et de 14 autres militant·e·s, alors qu’il assistait aux obsèques d’un militant politique tué, semble-t-il, par un membre du parti au pouvoir, la ZANU-PF.

Le 3 mai 2023, soit presque un an après son arrestation, Job Sikhala a été déclaré coupable d’obstruction à la justice et condamné à une peine de six mois d’emprisonnement avec sursis, avec la possibilité de payer une amende d’un montant de 600 dollars des États-Unis. Il est toujours en détention, dans l’attente de l’ouverture de son procès pour deux autres charges d’incitation à la violence et de troubles à l’ordre public.

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