Communiqué de presse

Yémen. Il faut enquêter sur la mort d’un militant lors d’une manifestation pacifique

Les autorités yéménites doivent enquêter sur la mort d’un militant politique abattu par les forces de sécurité au cours d’une manifestation pacifique dans la ville d’Aden lundi 15 décembre, a déclaré Amnesty International.

Khaled Al Junaidi, militant de premier plan du Mouvement du Sud (séparatiste), avait pris la tête d’une grève dans le quartier de Crater lorsque cinq agents des forces de sécurité portant des masques lui ont ordonné de sortir de sa voiture avant de lui tirer une balle dans la poitrine.

« Cet homicide délibéré et choquant semble être une exécution extrajudiciaire motivée par le militantisme pacifique de Khaled Al Junaidi en faveur de l’indépendance du sud du Yémen, a déclaré Saïd Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Les autorités yéménites sont tenues, aux termes du droit international, de veiller à ce qu’une enquête indépendante et impartiale soit menée dans les meilleurs délais sur cet homicide et que tous les responsables présumés soient traduits en justice, y compris les personnes qui l’ont ordonné. »

Khaled Al Junaidi, qui avait déjà été arrêté et torturé par les forces de sécurité en raison de son militantisme politique, supervisait la grève pacifique organisée dans le quartier de Crater à Aden. Il s’occupait notamment de rendre compte de la manifestation depuis sa voiture et de prendre des photos.

Sa voiture a été interceptée par les cinq agents masqués, qui portaient des uniformes officiels des forces de sécurité et circulaient à bord d’un véhicule de celles-ci, dans un lieu où d’autres agents lançaient des grenades lacrymogènes sur la foule.

L’un d’eux a tiré sur Khaled Al Junaidi, le blessant très grièvement. Ils l’ont alors conduit jusqu’à un hôpital voisin et l’ont laissé à l’entrée, où il a succombé à ses blessures.

Khaled Al Junaidi avait été libéré le 27 novembre, en même temps qu’un autre militant, Anwar Ismail, après avoir été détenu sans inculpation pendant trois semaines.

C’était la quatrième fois qu’il avait été arrêté en raison de sa participation au Mouvement du Sud (également appelé Al Hirak, forme abrégée de son nom arabe).

Khaled Al Junaidi et Anwar Ismail avaient déjà été torturés en détention. Khaled a raconté qu’il avait passé une semaine entière suspendu par les poignets avec des menottes 23 heures par jour.

Complément d’information

Le Mouvement du Sud est une coalition de groupes politiques d’opposition basés dans le sud du Yémen qui réclame la sécession de cette partie du pays.

Depuis 2007, des manifestations, majoritairement pacifiques, sont organisées sporadiquement dans le sud du Yémen. Elles ont été lancées par des militaires à la retraite qui se plaignaient de ne pas bénéficier du même traitement que ceux du nord en matière d’emploi, de salaires et de pensions.

Dès lors, les manifestants qui dénonçaient initialement la discrimination contre les Yéménites du sud ont commencé à réclamer la sécession, ce qu’ils ont continué à faire après la chute du président Ali Abdullah Saleh en 2011.

Les autorités ont répondu avec brutalité à ces manifestations ; des dizaines de manifestants ont été tués. Dans de nombreux cas, ils semblent avoir été abattus alors qu’ils ne constituaient aucune menace ni pour les forces de sécurité, ni pour personne d’autre.

Depuis le début du mouvement de protestation, les forces de sécurité ont arrêté et placé en détention, bien souvent de manière arbitraire, des milliers de manifestants et de passants, ainsi que des militants.

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