Communiqué de presse

Sri Lanka. « Disparition » de Pattani Razeek : Amnesty International demande la mise en place des mesures suivantes

Amnesty International engage les autorités sri lankaises à mener à bien sans délai une enquête crédible et transparente sur la « disparition » de Pattani Razeek. Après plus d’un an d’inaction, Shahabeen Noushadh, identifié comme principal suspect dans cette « disparition » par la police de Puttalam en juin 2010, a été arrêté le 8 juillet.

On est sans nouvelles de Pattani Razeek, défenseur des droits humains, depuis qu’il a « disparu » le 11 février 2010 dans la ville de Polonnaruwa, dans la province du Centre-Nord au Sri Lanka. Pattani Razeek, âgé de 55 ans au moment de sa disparition, est à la tête du Community Trust Fund (CTF), une ONG sri-lankaise dont le siège se trouve dans la ville de Puttalam, dans la province du Nord-Ouest. Il revenait d’une visite avec des collègues du CTF lorsqu’une camionnette blanche les a contraints à s’arrêter. Pattani Razeek s’est approché des occupants de la camionnette et ils ont échangé des salutations. Il est retourné vers ses collègues et leur a dit qu’il allait se joindre aux passagers de la camionnette, qui, d’après lui, se rendaient à Valaichchenai, une ville de la province de l’Est. Il a assuré à ses collègues qu’il les rejoindrait plus tard. Mais il n’est jamais rentré chez lui. D’après ses relevés téléphoniques, un certain nombre d’appels de courte durée ont été passés depuis son téléphone dans la soirée du 11 février, le jour de sa « disparition ». Un SMS envoyé le 15 février à un proche de Pattani Razeek indiquait que celui-ci se trouvait à Polonnaruwa et qu’il serait bientôt de retour chez lui.

En juin 2010, la police de Puttalam a identifié Shahabeen Noushadh, ancien collègue de Pattani Razeek et proche collaborateur du ministre sri lankais de l’Industrie et du Commerce – mais a omis de l’interroger. Pourtant, la famille de Pattani Razeek a porté plainte auprès des autorités de la police locale à Puttalam et de la Commission nationale des droits de l’homme du Sri Lanka. Il semble que ces « blocages » résultent d’ingérences politiques. (En juin 2011, une commission composée de trois membres a été nommée par le ministre de la Défense pour remplacer le Conseil d’administration du CTF, ce qui constitue un exemple choquant de l’intervention militaire récemment constatée dans les activités des ONG au Sri Lanka.)

L’arrestation d’un suspect clé offre aux autorités sri lankaises la possibilité de mener sans délai une enquête approfondie et impartiale sur le sort réservé à Pattani Razeek.

Depuis 2006, de nombreux cas de personnes ayant « disparu » après avoir été enlevées par les forces de sécurité ou par des groupes armés ont été signalés. Bien souvent, des camionnettes blanches ont été utilisées lors de ces enlèvements. Certaines victimes sont enlevées dans le but d’obtenir une rançon ; d’autres sont placées en détention au secret par les autorités « aux fins d’interrogatoire ». Toute personne ainsi détenue court évidemment le risque d’être soumise à des actes de torture ou à d’autres formes de mauvais traitements. De nombreuses personnes dont la « disparition » a été signalée au Sri Lanka n’ont jamais été retrouvées et sont présumées mortes. Dans l’immense majorité des cas, ces affaires ne donnent pas lieu à des enquêtes approfondies ni à des poursuites en bonne et due forme.

Amnesty International est vivement préoccupée par le fait que les autorités sri lankaises ne s’acquittent pas de leurs obligations au titre du droit international coutumier, notamment de la Déclaration sur la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées ; elles doivent prendre des mesures efficaces visant à prévenir et mettre fin aux disparitions forcées, traduire en justice les auteurs présumés de ces agissements et accorder des réparations aux victimes et à leurs familles conformément aux normes internationales.

Afin de s’acquitter de ces obligations, Amnesty International exhorte les autorités sri lankaises à :

• mener sans délai une enquête exhaustive et impartiale afin d’établir où se trouve Pattani Razeek, et rendre publiques les conclusions de cette enquête ;

• suivre les recommandations du groupe d’experts des Nations unies nommé par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et lui rendre compte de la situation au Sri Lanka en matière d’obligation de rendre des comptes, et inviter le Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires à se rendre au Sri Lanka ;

• signer et ratifier la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées ;

• veiller à ce que les défenseurs des droits humains puissent poursuivre leurs activités légitimes sans craindre de faire l’objet de manœuvres de harcèlement ou d’intimidation.

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