Communiqué de presse

Raif Badawi. La mobilisation se poursuit à l’heure de la rentrée

Ce jeudi à 17 heures, trois mois après la décision de la Cour suprême saoudienne de confirmer la condamnation de Raif Badawi, des militants d’Amnesty International manifesteront une nouvelle fois devant l’ambassade d’Arabie saoudite en faveur du blogueur et de son avocat, Waleed Abu al Khair.

« Pour cette rentrée, nous sommes plus mobilisés que jamais. L’Arabie saoudite reste sourde à nos revendications, mais nous ne nous décourageons pas, au contraire. Les militants sont toujours aussi indignés par les ignobles condamnations qui pèsent sur Raif Badawi et son avocat et, une nouvelle fois, ils vont le faire savoir, bruyamment ! », déclare Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.

Comme chaque mois, les militants se rassembleront devant l’ambassade et réclameront haut et fort, à l’aide de percussions sonores, la libération du blogueur et l’annulation de ses peines (notamment 10 ans de prison et 1 000 coups de fouet).

Afin de démontrer son attachement à la cause de Raif Badawi et soutenir tous les activistes saoudiens emprisonnés et persécutés, le public est appelé à venir accrocher des cadenas à la chaîne placée devant l’ambassade depuis deux mois. Par ailleurs, des « tricots-graffitis » réalisés par des militants de l’organisation de défense des droits humains garnissent toujours les arbres situés face à l’ambassade.

Le cas du blogueur saoudien continue d’entraîner une très forte mobilisation. Ainsi, ce sont plus de 1 100 000 signatures en sa faveur qui ont été récoltées à travers le monde, dont près de 38 000 au niveau belge.

Cette mobilisation a commencé à porter ses fruits en Belgique puisque, le 16 juin dernier, suite à l’audition de l’épouse de Raif Badawi par Georges Dallemagne, la Commission des Relations extérieures de la Chambre a approuvé à l’unanimité une proposition de résolution de soutien au jeune Saoudien. Le texte demande notamment au gouvernement d’intervenir auprès des autorités saoudiennes afin que le blogueur soit libéré et sa condamnation annulée.

L’Arabie saoudite, outre les persécutions qu’elle exerce contre les voix dissidentes, se distingue par le peu de cas qu’elle fait des droits humains, notamment en ayant recours de façon quasiment frénétique à la peine de mort, souvent de façon arbitraire et à l’issue de procès iniques. C’est ce qu’a démontré un récent rapport d’Amnesty International. Ainsi, au moins 102 personnes ont été exécutées au cours du premier semestre 2015 (généralement par décapitation). Parmi elles, des mineurs délinquants et des personnes souffrant de handicaps mentaux.

Complément d’information

Raif Badawi a été condamné le 7 mai 2014 par le Tribunal pénal de Djedda à 10 ans de prison et 1 000 coups de fouet, assortis d’une interdiction de voyager pendant 10 ans à l’issue de sa peine, d’une interdiction d’utiliser les médias et d’une amende de 1 million de riyals saoudiens (environ 226 000 euros). Ce jugement est lié à la création de son site internet « Libérez les libéraux saoudiens » (dont la Cour a ordonné la fermeture), et à des accusations selon lesquelles il aurait « insulté l’islam ». Raif Badawi était initialement inculpé d’« apostasie », infraction passible de la peine de mort en Arabie saoudite.

Malgré les efforts de son avocat, Waleed Abu al Khair, également en prison en raison de son militantisme pacifique, la Cour d’appel de Djedda a confirmé la condamnation de Raif Badawi le 1er septembre. Selon la décision finale de cette instance, Raif Badawi doit recevoir 50 coups de fouet consécutifs à un intervalle d’une semaine. La première séance a eu lieu en public le 9 janvier dernier. Les flagellations qui devaient avoir lieu les 16 et 23 janvier derniers ont été reportées pour raisons médicales. Depuis lors, aucun autre coup n’a été porté au blogueur, mais les autorités se sont abstenues de motiver les derniers reports (6, 13, 20 et 27 février ; 6, 13, 20 et 27 mars ; 3, 10, 17 et 24 avril ; 1er, 8, 15, 22 et 29 mai ; 5, 12, 19 et 26 juin ; 3, 10, 17, 24 et 31 juillet ; 7, 14, 21 et 28 août). Il est pour l’heure impossible de savoir si Raif Badawi sera flagellé ce vendredi 4 septembre.

De façon générale, les autorités saoudiennes continuent de mener une campagne de persécution de grande ampleur à l’encontre des défenseurs des droits humains et des militants de la société civile, en engageant des poursuites judiciaires contre eux et en adoptant des mesures arbitraires telles que l’interdiction de voyager.

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