COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Nelson Mandela – Une source d’inspiration pour les militants du monde entier Par Clare Fermont, responsable régionale des contenus chez Amnesty International à Johannesburg, Afrique du Sud

Vendredi - décembre - Je m’attendais au décès imminent de Nelson Rolihlahla Mandela, mais j’ai été néanmoins été secouée lorsque j’ai entendu la nouvelle officielle de sa mort à la radio, dans mon appartement de Johannesburg, jeudi 5 décembre au soir.

Nelson Mandela m’a toujours semblé faire partie de ma vie. Quand j’étais adolescente, dans les années 1960, dans le nord de Londres, j’étais une amie proche de la famille exilée de Denis Goldberg, seul accusé blanc du procès de Rivonia, en 1964, qui avait abouti à sa condamnation, ainsi qu’à celle de Nelson Mandela et d’autres dirigeants de l’ANC, à la réclusion à perpétuité.

Cette amitié m’a fait comprendre la cruauté et l’injustice de l’apartheid, et a inspiré mes premières actions militantes. J’ai participé à des manifestations anti-apartheid devant l’ambassade d’Afrique du Sud, dans le centre de Londres, pour dénoncer les méfaits du gouvernement le plus ouvertement raciste du monde.

À mesure que les années passaient, le slogan « Libérez Mandela » s’est répandu et amplifié. Nelson Mandela symbolisait, derrière les barreaux de sa prison, la lutte de plus en plus âpre qui avait lieu dans les « townships » et sur les lieux de travail, en Afrique du Sud.

En 1989, je suis allée en Afrique du Sud pour la première fois, lors d’une campagne de solidarité envers Moses Mayekiso, un syndicaliste noir jugé pour trahison, crime passible de la peine capitale. Au bout 20 ans de campagne, je croyais comprendre les méfaits de l’apartheid. J’avais tort. Ce n’est que lorsque j’ai été avec des amis et ne pouvais pas entrer dans les mêmes bâtiments, ni utiliser les mêmes moyens de transport, ni même me promener sur les mêmes plages, que j’ai pu appréhender pleinement l’affreuse iniquité de ce système.

L’acquittement de Moses Mayekiso a été un nouveau signal : l’apartheid s’effondrait et Nelson Mandela allait bientôt être libre. De retour à Londres, comme nous avons célébré la fin de la longue marche de Mandela vers la liberté !

Dans les rues de Johannesburg

Et maintenant, je suis ici à Johannesburg, entourée de gens qui pleurent sa mort et rendent hommage à sa vie.

Toute la journée, j’ai demandé aux gens, et en particulier aux militants, ce que Mandela représentait pour eux. Systématiquement ou presque, les réponses faisaient référence à des qualités telles que la capacité de pardonner, l’honnêteté, la générosité d’esprit, la détermination et la bravoure.

Dans une Afrique du Sud embourbée dans la corruption et en proie à d’épouvantables inégalités économiques, ces perceptions ont une forte résonance, et constituent un énorme espoir.

À l’heure du déjeuner, je suis allée depuis le bureau d’Amnesty jusqu’à la maison de Mandela, soit quelque 45 minutes de marche. Plus je me rapprochais, plus je rencontrais, sur les trottoirs habituellement déserts, des gens de tout âge, couleur ou religion, qui portaient des fleurs ou des photos de « Madiba ».

Nombre de ces groupes étaient constitués de personnes de couleurs différentes. J’ai également vu une famille juive et une famille musulmane marcher côte-à-côte, tout en conversant. « Voici l’héritage de Mandela », ai-je pensé.

Je me suis mêlée à la foule qui chantait et dansait devant la maison. Les gens voulaient expliquer pourquoi ils souhaitaient rendre hommage à Mandela et comment il les avait inspirés.

Une jeune femme, arrivée avec beaucoup d’autres derrière une banderole de la police sud-africaine proclamant « Seize jours d’action contre les violences envers les femmes et les enfants », m’a dit : « Bien sûr que Madiba m’a inspirée. Sans lui, je n’aurais jamais osé ni même pensé m’impliquer dans les campagnes pour arrêter la violence contre les femmes. »

Un homme qui a travaillé avec des groupes de jeunes de Soweto a déclaré : « Mandela a montré que nous avons tous un rôle à jouer dans l’évolution de notre pays, et que rien ne change tant que les gens ne se décident pas à agir. »

« Lorsque Mandela a été libéré, j’ai eu très peur que nous soyons tous massacrés, a expliqué une femme blanche d’âge mûr. Mais il a fait en sorte que ça n’arrive pas. C’est pourquoi je suis ici aujourd’hui. »

Il est clair que l’héritage de Mandela continuera à inspirer une nouvelle génération de militants. « Je veux être comme Madiba », a déclaré une jeune fille âgée de 13 ou 14 ans, également de Soweto. « Je veux être une bonne personne, et améliorer les conditions de vie en Afrique du Sud. Je pense que c’est ma façon de lui rendre hommage. »

Nelson Mandela a été l’un des prisonniers politiques les plus connus de notre temps. Mais, dans le monde entier, des milliers de personnes restent emprisonnées en raison leurs opinions politiques. Vous pouvez les aider en participant à notre Marathon des lettres, qui commence le 6 décembre. Partagez votre opinion au sujet de Nelson Mandela et signez nos pétitions pour libérer d’autres prisonniers politiques.

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