Communiqué de presse

L’Azerbaïdjan assure la présidence du Comité des ministres, alors que les libertés sont restreintes dans le pays

Le 14 mai 2014, l’Azerbaïdjan assurera la présidence tournante de six mois du Comité des ministres du Conseil de l’Europe, alors même que la situation des droits humains demeure très préoccupante dans le pays, a déclaré Amnesty International.

Le 6 mai, un tribunal de Bakou a condamné huit militants du mouvement de jeunes NIDA à des peines de prison comprises entre six et huit ans pour des charges fallacieuses – possession de stupéfiants et d’explosifs et intention de « troubler l’ordre public ».

La police est intervenue avec force pour disperser les partisans de NIDA et les journalistes rassemblés pacifiquement devant le tribunal lors de l’annonce du verdict. Selon certaines informations, au moins 26 personnes, dont un reporter du journal Azadliq (Liberté), ont été arrêtées.

« Cette condamnation est un affront pour les droits humains et rappelle à point nommé que l’Azerbaïdjan s’obstine à ne pas respecter les libertés fondamentales », a déclaré Denis Krivosheev, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

Ces arrestations ont eu lieu alors que les ministres des Affaires étrangères représentant les 47 États membres du Conseil de l’Europe se réunissent lors d’une cérémonie organisée à Vienne dans le cadre de la réunion annuelle du Comité des ministres. Instance décisionnaire de l’institution de défense des droits humains, le Comité des ministres est le gardien des principes fondateurs inscrits dans la Convention européenne des droits de l’homme. L’Azerbaïdjan en assumera la présidence de mai à novembre 2014.

La passation de la présidence coïncide avec la publication d’un nouveau rapport d’Amnesty International sur l’Azerbaïdjan, intitulé Behind Bars : Silencing dissent in Azerbaijan , qui dénonce une répression accrue contre la liberté d’expression, de réunion et d’association, à la suite des élections du 9 octobre 2013.

Ce rapport explique que le harcèlement, les coups et les procès iniques, la détention et l’incarcération, sont régulièrement utilisés en Azerbaïdjan pour contrôler et juguler la voix des partis d’opposition, des médias indépendants et des personnes qui critiquent le gouvernement.

« En tant que membre du Conseil de l’Europe et dans sa Constitution, l’Azerbaïdjan s’est engagé à respecter et protéger les droits fondamentaux. Cependant, sa législation, ses politiques et ses pratiques témoignent de son incapacité à se montrer à la hauteur de ses obligations nationales et internationales relatives aux droits humains », a déclaré Denis Krivosheev.

Contrôler et réfréner la liberté d’expression

Pas moins de 19 prisonniers d’opinion se trouvent actuellement derrière les barreaux en Azerbaïdjan, simplement pour avoir exprimé leurs opinions sans violence. Il s’agit notamment de représentants du mouvement de jeunes NIDA, de responsables politiques, de journalistes, de militants de la société civile et de blogueurs connus pour avoir relayé leurs critiques sur les réseaux sociaux.

« Nous avons toujours été préoccupés par la situation des prisonniers d’opinion en Azerbaïdjan et demandons leur libération immédiate et inconditionnelle. Il est d’autant plus inquiétant que le nombre de personnes privées de liberté pour avoir tenté d’exercer pacifiquement leur droit à la liberté d’expression n’ait fait qu’augmenter. On constate un grand écart entre les engagements déclarés de l’Azerbaïdjan en faveur des droits humains, y compris en tant que futur président du Comité des ministres du Conseil de l’Europe, et la manière dont le gouvernement traite ses propres citoyens. »

« Ceux qui osent dénoncer, ou simplement remettre en cause, les responsables au pouvoir sont confrontés à une réaction excessive et brutale de la part des autorités azerbaïdjanaises. Les actes d’intimidation, la détention et l’emprisonnement deviennent vite les réponses privilégiées d’un régime qui cherche désespérément à contrôler et sanctionner les détracteurs et les voix dissidentes », a déclaré Denis Krivosheev.

Les autorités azerbaïdjanaises doivent respecter les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion, notamment en libérant immédiatement et sans condition les personnes qu’elles ont incarcérées pour avoir exercé sans violence ces droits. Le Conseil de l’Europe – son Assemblée parlementaire, son secrétaire général et le Comité des ministres lui-même – doit faire valoir cette demande avec une plus grande fermeté.

« Les détenteurs du pouvoir continuent d’afficher un mépris absolu envers les voix dissidentes en Azerbaïdjan. La communauté internationale, notamment les membres du Conseil de l’Europe, doivent rappeler à cet État en toutes occasions ses obligations relatives aux droits humains. L’Azerbaïdjan se doit de les prendre en compte et d’apporter des réponses afin d’affirmer son leadership dans la protection des droits humains durant sa présidence du Comité des ministres », a déclaré Denis Krivosheev.

Amnesty International et des militants de toute l’Europe se rassemblent le 6 mai de 14 à 15 heures, devant le bâtiment où se déroulera la cérémonie de la présidence, pour protester contre les atteintes aux droits humains commises en Azerbaïdjan. Ils demanderont à l’Azerbaïdjan de s’engager, en tant que président du Comité des ministres, à protéger les droits fondamentaux à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières. Ils demanderont également au Comité des ministres d’exhorter l’Azerbaïdjan à libérer immédiatement tous les prisonniers d’opinion, notamment les militants de NIDA.

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