Communiqué de presse

Inde. La justice demande à Dow Chemical de s’occuper de la tragédie de Bhopal

La Dow Chemical Company (Dow) doit assumer ses responsabilités vis-à-vis des victimes de la catastrophe industrielle de Bhopal, a déclaré Amnesty International à l’annonce que la société américaine de produits chimiques devait comparaître devant un tribunal indien.

Le géant de l’industrie chimique devra expliquer pourquoi sa succursale, l’Union Carbide Corporation (UCC), dont il détient la totalité des parts, a ignoré à plusieurs reprises les convocations que la justice lui a adressées dans le cadre des poursuites pénales pour « homicide volontaire » dont UCC fait l’objet pour la catastrophe survenue à Bhopal en 1984.

« La décision que le tribunal vient de prendre ce mardi 23 juillet constitue une étape importante dans l’établissement de la responsabilité de l’entreprise dans les conséquences dévastatrices de la fuite de gaz de Bhopal », a déclaré Audrey Gaughran, directrice du programme Thématiques mondiales d’Amnesty International.

« Dow a toujours dit qu’elle n’avait rien à voir avec les responsabilités de UCC dans la catastrophe de Bhopal, mais la justice a clairement fait savoir aujourd’hui que Dow se devait de veiller à ce que UCC réponde des charges qui pèsent encore contre elle. Dow ne peut plus tourner le dos aux dizaines de milliers de personnes qui souffrent toujours à Bhopal. »

Près de trente ans après la catastrophe de Bhopal, les victimes et leurs familles n’ont toujours pas été correctement indemnisées par UCC ou le gouvernement indien.

« La sommation à comparaître adressée à Dow pourrait faire franchir un grand pas en avant à l’établissement de la responsabilité pénale d’Union Carbide dans l’une des plus grandes catastrophes inductrielles de l’histoire », a déclaré Satinath Sarangi, membre du Bhopal Group for Information and Action.

« En tant que détenteur à 100% d’Union Carbide, Dow va devoir désormais expliquer au tribunal de Bhopal pourquoi Union Carbide a esquivé pendant les 21 dernières années les graves accusations qui pesaient sur elle », a déclarée Hazra Bee,victime de la catastrophe et militante qui vit juste en face de l’ancien site d’Union Carbide à Jaiprakash Nagar.

La catastrophe de Bhopal a encore des répercussions aujourd’hui. Pas moins de 100 000 personnes ont toujours des problèmes de santé, et l’ancien site de l’usine pollué par les déchets toxiques n’a pas été nettoyé.

Lorsqu’Amnesty International a mené des recherches en décembre 2012 à Bhopal, elle a découvert que depuis la fuite de gaz des femmes faisaient régulièrement état de problèmes graves de santé gynécologique et reproductive.

UCC détient une majorité des parts d’Union Carbide India Limited, la société indienne qui exploitait l’usine de pesticides responsable de la fuite de gaz à Bhopal en 1984 qui aurait tué plus de 22 000 personnes.

En 1987, le gouvernement indien a inculpé d’« homicide volontaire » l’Union Carbide Corporation et son ancien président, Warren Anderson. Depuis lors, l’UCC a ignoré toutes les convocations de la justice indienne et n’a toujours pas été jugée pour son rôle dans la catastrophe industrielle de Bhopal. Warren Anderson a échappé aux poursuites en vivant à l’étranger. La demande d’extradition que le gouvernement indien a présenté à son sujet n’a toujours pas reçu de réponse de la part du gouvernement des États-Unis.

Dow détient l’Union Carbide Corporation depuis 2001 mais a refusé d’hériter d’une responsabilité quelconque de l’UCC dans l’affaire de Bhopal, ignorant les survivants et les groupes de défense des droits humains qui lui demandaient de prendre en charge les conséquences sanitaires et écologiques que la catastrophe continue d’avoir sur le terrain.

Dow a toujours affirmé qu’elle ne détenait pas l’UCC au moment des faits et que les deux entités étaient des sociétés distinctes. Mais avec la décision de justice d’aujourd’hui, Dow va devoir expliquer au président du tribunal de Bhopal pourquoi elle n’a rien fait pour que sa succursale se présente devant la justice.

« En voulant garder ses distances vis-à-vis de sa succursale UCC, Dow n’a pas pris en compte la réalité de la relation qui existe entre les deux sociétés. La citation à comparaître d’aujourd’hui a confirmé qu’il incombe à Dow de veiller à ce que l’Union Carbide Corporation assume ses responsabilités », a déclaré Audrey Gaughran.

« Dow devrait reconnaître publiquement cette responsabilité et s’attaquer aux conséquences de la catastrophe de Bhopal sur les droits humains. Dow doit également expliquer pourquoi l’UCC ne s’est jamais présentée devant la justice, et diffuser toutes les informations sur la fuite de gaz qu’UCC n’a pas voulu révéler jusqu’à présent. »

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