Communiqué de presse

États-Unis. Il faut mettre fin aux traitements inhumains infligés aux grévistes de la faim dans les prisons californiennes

Les autorités carcérales de l’État de Californie ont une nouvelle fois fait fi de leurs obligations internationales relatives aux droits humains, en adoptant des mesures répressives à l’égard de prisonniers qui observent une grève de la faim afin de protester contre les conditions de vie de milliers de personnes détenues à l’isolement dans les prisons de cet État, a déclaré Amnesty International lundi 22 juillet.

« Les prisonniers essayant de faire cesser des conditions inhumaines ne doivent pas être visés par des mesures répressives pour avoir exercé leur droit de manifester de manière pacifique », a déclaré Angela Wright, spécialiste des États-Unis à Amnesty International.

« L’isolement prolongé dans des conditions qu’on ne saurait qualifier autrement que de cruelles et d’inhumaines est interdit par le droit international.  »

Plus de 1000 personnes incarcérées dans des prisons californiennes observent toujours une grève de la faim au moment où le mouvement de protestation entre dans sa troisième semaine.

Environ 30 000 détenus, répartis dans plus de 24 prisons, avaient entamé cette action le 8 juillet afin de protester contre la politique californienne d’isolement de longue durée des prisonniers dans les quartiers de très haute sécurité.

Le 11 juillet, les Services pénitentiaires et de réinsertion de Californie se sont engagés à adopter des mesures disciplinaires contre tous les grévistes de la faim – susceptibles de valoir à ceux-ci un séjour encore plus long dans les quartiers de très haute sécurité. Les meneurs de la grève ont par ailleurs été soumis à un isolement accru, où ils connaissent des conditions plus rudes et des restrictions supplémentaires aux échanges avec leurs avocats.

Le noyau dur des grévistes des quartiers de très haute sécurité de Pelican Bay affirment que les autorités carcérales ont envoyé de l’air froid dans leurs cellules, et leur ont par ailleurs confisqué des liquides, des produits d’hygiène et des documents juridiques.

Au moins 500 prisonniers se trouvent depuis plus de dix ans dans des quartiers de sécurité ; les conditions de privation environnementale et sociale qui y prévalent vont à l’encontre des normes internationales relatives au traitement humain des détenus.

Si les Services pénitentiaires ont modifié les procédures déterminant qui est envoyé dans ces quartiers, et comment ces personnes peuvent en sortir, Amnesty International estime que ces réformes ne vont pas suffisamment loin dans ce système qui enferme tant de personnes dans des conditions extrêmement éprouvantes pendant de si longues périodes.

De nombreuses études ont montré qu’une incarcération dans un environnement aussi dur est néfaste pour la santé psychologique et physique des prisonniers. Les personnes détenues dans ces conditions ne peuvent bénéficier des programmes de réinsertion ou éducatifs et ont peu, voire pas du tout, de contacts, en particulier avec leur famille. La plupart finissent par réintégrer la société, mais les effets à long terme de leur enfermement rendent leur réinsertion plus difficile.

Amnesty International demande une nouvelle fois aux Services pénitentiaires d’introduire des réformes n’ayant que trop tardé dans le système des quartiers de très haute sécurité, pour garantir que les conditions de vie des prisonniers en Californie ne bafouent pas l’obligation - en vertu du droit international relatif aux droits humains - de traiter tous les prisonniers avec humanité.

« Il n’est pas surprenant que les personnes incarcérées dans les quartiers de très haute sécurité protestent contre leurs conditions de détention  », a déclaré Angela Wright.

« Au lieu de soumettre les prisonniers à des châtiments supplémentaires en faisant planer la menace de mesures disciplinaires, les Services pénitentiaires devraient s’engager à mener une véritable réforme pour remédier à l’inhumanité du système carcéral. »

Complément d’information
Amnesty International s’est rendue dans les quartiers d’isolement de Californie en novembre 2011 et a publié un rapport très critique intitulé USA : The Edge of Endurance.

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