Communiqué de presse

Égypte. L’incapacité des forces de sécurité à éviter les morts au cours des mouvements de protestation est « suspecte »

Ni la police, ni les forces de sécurité égyptiennes ne parviennent à protéger les manifestants et les passants des violences liées aux troubles politiques qui secouent le pays, a déclaré Amnesty International mercredi 3 juillet, alors que l’armée menace d’intervenir pour résoudre la crise.

Selon les témoignages recueillis par les chercheurs d’Amnesty International en Égypte, les forces de sécurité n’interviennent pas ou arrivent trop tard pour arrêter les violences lors des affrontements. Les violences entre opposants et partisans du président Morsi ont éclaté partout dans le pays le 28 juin.

« Les forces de sécurité devaient être prêtes à empêcher et à faire cesser les affrontements meurtriers que nous avons observés au cours des trois derniers jours », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Il est difficile d’imaginer qu’elles ne pouvaient pas prévoir ces violences. Cette incapacité suspecte à éviter les morts constitue un terrible manquement au devoir de protéger les vies et les droits humains. Nous en venons à penser, d’après les faits, que cette absence de protection des manifestants, indépendamment de leur affiliation politique, résulte d’une politique délibérée des responsables de la sécurité. »

Depuis le 30 juin, plus de 30 personnes ont été tuées au cours des violences et affrontements politiques entre les partisans du président Morsi et ses opposants.

Le ministère de l’Intérieur, principal responsable des forces de sécurité, a émis des déclarations contradictoires. Selon les médias, il a annoncé qu’il ne protégerait pas les bâtiments appartenant au mouvement des Frères musulmans, et n’interviendrait que si les prisons ou les bâtiments publics étaient menacés. Alors qu’il affirmait qu’il resterait impartial et protégerait tous les citoyens, il a exprimé son soutien à l’ultimatum de l’armée exigeant des partis politiques qu’ils résolvent la crise, ce qui a été considéré comme un camouflet pour le président Morsi.

Les violences de mardi 2 juillet dans plusieurs endroits du Grand Caire ont fait 18 morts selon les chiffres officiels. Elles se sont poursuivies pendant des heures avant que l’armée ne soit déployée.

D’après des témoins oculaires, des affrontements intermittents autour de l’Université du Caire, entre des partisans du président qui manifestaient à proximité et des attaquants non identifiés, ont eu lieu tout au long de la journée. Ils se sont intensifiés après le discours du président en fin de soirée. Il semble avéré que des tirs à balles réelles ont fait plus de 600 blessés, dont un agent de police.

Le 3 juillet, le ministre de l’Intérieur a démis le chef de la sécurité de Guizeh du fait de sa réaction inadéquate aux affrontements.

« À la lumière de ces morts récentes, c’est insuffisant et cela vient trop tard », a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui.

« Il est impératif que les forces de sécurité agissent maintenant de façon professionnelle et prennent au sérieux leur responsabilité consistant à assurer la sécurité de tous les Égyptiens. »

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