Des familles roms de Belgrade risquent d’être expulsées de force par une agence gouvernementale

Vingt-sept familles roms de Belgrade, la capitale de la Serbie, risquent d’être expulsées de force de chez elles d’un moment à l’autre, le but étant de libérer de l’espace pour de nouveaux logements commerciaux construits par une entreprise d’État, a déclaré Amnesty International mercredi 2 novembre.

Mardi 1er novembre, à la demande de la Direction serbe de la construction, des familles vivant dans le quartier informel du Bloc 61 (Nouveau Belgrade), se sont vu accorder 48 heures pour quitter leur domicile.

Les autorités n’ont pas consulté les familles du Bloc 61 au sujet de l’expulsion et ne leur ont pas non plus proposé de solutions pour se reloger alors que l’hiver, rigoureux en Serbie, approche. Un grand nombre des personnes visées par cette décision d’expulsion sont des mineurs.

« Des familles roms de Belgrade continuent à être mises à la rue sans qu’on ne leur propose de solution de relogement adaptée. Les autorités doivent mettre fin à cette pratique inacceptable », a déclaré John Dalhuisen, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Fait particulièrement préoccupant dans ce cas précis, 20 de ces familles, originaires du Kosovo, ont été déplacées après la guerre de 1999 et le gouvernement est tenu de leur offrir protection et assistance. Au lieu de cela, elles ont été livrées à elles-mêmes dans des quartiers informels où elles n’ont accès à aucun des services de base. »

« Le gouvernement devrait proposer des logements sociaux à ces familles déplacées, qui vivent en Serbie depuis 12 ans tout en n’ayant toujours pas de logement convenable, plutôt que d’utiliser ce terrain dans un but commercial.  »

Cette mesure serait la première expulsion programmée de Roms de Belgrade à être menée par le gouvernement et non pas par les autorités municipales.

« Amnesty International a demandé plusieurs fois au gouvernement serbe d’introduire une loi interdisant les expulsions forcées » a ajouté John Dalhuisen. « Nous déplorons vivement que le gouvernement, loin de prévenir les expulsions, semble désormais s’en rendre complice. »

D’après un rapport rendu public par Amnesty International en avril, le gouvernement serbe s’est à de multiples reprises abstenu d’empêcher l’expulsion forcée, par les autorités de la ville de Belgrade, de familles roms qui perdent souvent leurs moyens de subsistance ainsi que leurs seules possessions, en plus de leur logement.

En 2009, le rapporteur spécial des Nations unies sur les droits de l’homme des personnes déplacées internes a engagé le gouvernement serbe à se préoccuper des droits fondamentaux des personnes déplacées à l’intérieur du pays et à veiller à ce que les expulsions soient conformes aux normes internationales.

La population rom de Belgrade fait l’objet d’expulsions forcées depuis au moins l’an 2000, après que des Roms ayant fui le Kosovo aient demandé l’aide de la Serbie, notamment pour se loger, mais n’aient souvent pas eu d’autre choix que de vivre dans des quartiers informels.

Le nombre d’expulsions forcées à Belgrade a fortement augmenté depuis mai 2009, lorsque la municipalité a lancé son « plan d’action pour le redéploiement des quartiers informels (insalubres) ».

La Serbie est tenue, aux termes du droit international en matière de droits humains, de s’abstenir de procéder à des expulsions forcées, mais également d’en protéger la population.

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