Communiqué de presse

Chine. Répression policière contre des militants lors d’un procès lié à une expulsion forcée

La police chinoise doit cesser de réprimer les centaines de personnes soutenant un homme jugé pour l’homicide de deux membres d’une équipe de démolition qui avait fait irruption chez lui et battu ses proches lors d’une expulsion forcée violente, a déclaré Amnesty International.

Mercredi 4 février, des dizaines de policiers ont été déployés afin d’empêcher plus de 300 sympathisants de Fan Mugen d’assister au début de son procès devant le tribunal populaire intermédiaire de Suzhou, dans l’est du pays.

Fan Mugen affirme avoir agi en état de légitime défense. Il est inculpé de « coups et blessures volontaires » – infraction passible de la peine capitale. Cette affaire connaît un retentissement dans tout le pays, où les expulsions forcées violentes demeurent un problème de taille.

« Les expulsions forcées suscitent un mécontentement généralisé dans l’ensemble de la Chine. Les personnes qui soutiennent Fan Mugen ont le droit de le faire et d’évoquer ouvertement le procès ; la police ne doit pas les en empêcher », a déclaré William Nee, spécialiste de la Chine à Amnesty International.

Le 4 février dans l’après-midi, Fan Yongqiang, le fils de Fan Mugen, a été roué de coups par des représentants des autorités locales devant le tribunal. L’un des avocats de Fan Mugen – Wang Yu – a été détenu momentanément pendant l’après-midi. Par ailleurs, au moins cinq militants qui soutiennent Fan Mugen ont été arrêtés le 2 février et se trouvent actuellement en détention administrative.

« Ce procès est un test : les autorités doivent montrer dans quelle mesure l’état de droit est au-dessus des intérêts particuliers. Malheureusement, il semble que la police, les autorités locales et les tribunaux fassent tout leur possible pour empêcher Fan Mugen de présenter une véritable défense. Il est fort peu probable que celui-ci soit jugé équitablement », a déclaré William Nee.

Le 5 février, des centaines de sympathisants de Fan Mugen devraient tenter de nouveau d’assister au procès, qui doit durer trois jours.

Fan Mugen est accusé d’avoir tué deux membres d’une équipe de démolition composée d’au moins une douzaine d’hommes armés de barres de fer, qui avaient fait irruption à son domicile en décembre 2013. Il avait alors sollicité plusieurs fois l’intervention de la police, qui avait fini par arriver sur les lieux mais n’avait pas empêché l’équipe de s’en prendre à Fan Mugen et à sa famille.

Selon Fan Mugen, l’agression s’est poursuivie sous les yeux de la police auxiliaire – sa femme a eu un bras cassé, son fils et lui ont été blessés à la tête. Enfin, Fan Mugen affirme qu’il se trouvait en état de légitime défense lorsqu’il a poignardé à mort deux membres de l’équipe de démolition.

Les faits se sont déroulés dans le contexte d’un vaste projet immobilier. Fan Mugen et sa famille avaient refusé de déménager et n’avaient pas accepté l’indemnisation qu’ils considéraient comme insuffisante.

Selon Wang Yu, le tribunal estime que les blessures subies par la femme de Fan Mugen pendant l’agression ne constituent pas une preuve recevable alors que les avocats de cet homme pensent que cet élément clé atteste la légitime défense.

« À maintes reprises, le président Xi Jinping a appelé les tribunaux à prendre, en toute indépendance, des décisions équitables dans les affaires comme celles-ci, conformément aux lois et procédures en vigueur en Chine. Ces appels ne semblent pas avoir été entendus au niveau local », a déclaré William Nee.

Dans le cadre du procès de six des membres de l’équipe de démolition, inculpés d’avoir « cherché à provoquer des conflits et troublé l’ordre public », les avocats de la famille n’ont pas été autorisés, dans un premier temps, à assister à l’audience du 2 février. Ils n’ont pu le faire qu’à mi-parcours, après avoir déposé des requêtes auprès du procureur.

En 2012, Amnesty International a publié un rapport mettant en évidence l’augmentation des expulsions forcées en Chine : sur l’ensemble du territoire, dans des zones aussi bien rurales qu’urbaines, des personnes contraintes à quitter leur logement étaient battues, harcelées, emprisonnées voire tuées. Les autorités locales et les promoteurs immobiliers continuent d’engager des voyous qui brutalisent les habitants au moyen de barres de fer et de couteaux.

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