Communiqué de presse

Azerbaïdjan. Le bilan en termes de droits humains se ternit encore avec l’arrestation d’une militante

La persécution des militants des droits humains se poursuit sans relâche en Azerbaïdjan, en dépit des obligations auxquelles le pays a souscrit en tant que membre du Conseil de l’Europe et actuel président de son organe décisionnel, le Comité des ministres, a déclaré Amnesty International mercredi 30 juillet 2014.

La dernière mesure visant les défenseurs des droits humains est l’arrestation de Leyla Yunus, interpellée le 30 juillet alors qu’elle se rendait à une conférence de presse dans la capitale Bakou. Son époux Arif Yunus a lui aussi été brièvement détenu alors qu’il lui rendait visite dans le bureau du procureur de Bakou.

« Leyla Yunus est une voix indépendante en Azerbaïdjan que le gouvernement tente depuis longtemps de réduire au silence en usant de menaces et d’intimidation – mais en vain. Il recourt aujourd’hui aux accusations forgées de toutes pièces et à la détention pour la punir d’avoir critiqué le gouvernement », a déclaré Natalia Nozadze, chercheuse sur l’Azerbaïdjan à Amnesty International.

Plus tard, le tribunal de Bakou l’a placée en détention provisoire pour une période de trois mois, et a imposé à Arif Yunus des restrictions en matière de déplacement. Selon les médias, les autorités ont inculpé Leyla et Arif Yunus de trahison et de charges liées à la fraude et à l’évasion fiscales.

Amnesty International estime que les charges de trahison sont fabriquées de toutes pièces et s’inscrivent dans une campagne de harcèlement en raison du militantisme de Leyla Yunus.

Leyla Yunus a organisé la semaine dernière une conférence de presse afin d’appeler au boycott des premiers Jeux européens – qui doivent se tenir à Bakou en 2015 – en raison du bilan déplorable du régime azerbaïdjanais en termes de droits humains.

Avant d’être placée en détention, elle avait été régulièrement convoquée au bureau du procureur pour être interrogée sur la procédure pénale engagée contre un journaliste azerbaïdjanais indépendant, Rauf Mirgadirov, qui a été arrêté sur la base de charges douteuses : il est en effet accusé d’espionnage pour le compte de l’Arménie. Leyla Yunus a à plusieurs reprises refusé de répondre aux questions des policiers tant que son passeport et celui de son époux, qui leur ont été confisqués le 28 avril, ne leur seraient pas rendus.

« La détention de Leyla Yunus illustre une nouvelle fois la répression exercée contre les voix dissidentes, politique qui caractérise la vie en Azerbaïdjan. Les membres du Conseil de l’Europe doivent demander des comptes aux autorités qui piétinent les principes de l’organe de défense des droits humains dont l’Azerbaïdjan assume actuellement la présidence », a déclaré Natalia Nozadze.

Longue est la liste des violations des droits humains dont se rendent régulièrement responsables les autorités azerbaïdjanaises, notamment la répression du droit à la liberté d’expression, de réunion et d’association : les militants sont persécutés, arrêtés sur la base de charges forgées de toutes pièces et privés du droit à un procès équitable. Amnesty International a recensé au moins 19 prisonniers d’opinion, incarcérés uniquement pour avoir exprimé leurs opinions sans violence.

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