Communiqué de presse

Arabie Saoudite. Recrudescence des exécutions : quatre membres d’une famille ont été exécutés pour possession de haschich

Les autorités saoudiennes doivent mettre fin à toutes les exécutions, a déclaré Amnesty International en apprenant que quatre membres d’une même famille avaient été mis à mort lundi 18 août, dans un contexte de recrudescence « inquiétante » du recours à la peine de mort dans le pays.

Deux frères et deux de leurs cousins, frères eux aussi, ont été exécutés ce matin dans la ville de Najran, dans le sud-est du pays, après avoir été reconnus coupables d’avoir « reçu de grandes quantités de haschich », semble-t-il sur la base d’« aveux » extorqués sous la torture.

Cela porte le nombre d’exécutions en Arabie saoudite au cours des deux dernières semaines à 17 – c’est-à-dire plus d’une par jour.

« La brusque augmentation du nombre d’exécutions en Arabie saoudite témoigne d’une dégradation inquiétante de la situation. Les autorités doivent agir sans délai pour mettre un terme à cette pratique cruelle », a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

« La peine de mort est toujours néfaste et, aux termes du droit international, il est interdit d’y recourir en cas de crimes n’ayant pas provoqué la mort d’autrui et lorsque les preuves utilisées pour condamner l’accusé se fondent sur des " aveux " extorqués sous la torture. »

Ces quatre hommes ont été exécutés malgré les efforts désespérés déployés en dernière minute par leur famille pour alerter le monde sur leur sort.

Les proches des quatre hommes ont en effet contacté Amnesty International jeudi 14 août pour demander de l’aide, craignant qu’ils ne soient exécutés de manière imminente.

L’équipe saoudienne d’Amnesty International a répondu en demandant des précisions sur l’affaire. Cependant, quelques heures plus tard, les proches des quatre hommes l’ont prévenue qu’ils avaient reçu un appel téléphonique d’agents du ministère de l’Intérieur, les avertissant qu’ils ne devaient plus entrer en contact avec Amnesty International.

Dans la matinée du 18 août, il a été officiellement annoncé que les quatre hommes avaient été mis à mort.

« Ces manœuvres manifestes d’intimidation et de surveillance visant des victimes de violations des droits humains et des militants ajoute une dimension sinistre à l’application de la peine de mort en Arabie saoudite. Les autorités sont prêtes à prendre des mesures extrêmes pour empêcher que les violations flagrantes commises dans le pays ne soient révélées au monde extérieur », a déclaré Said Boumedouha.

« La famille dans cette affaire a le droit de savoir pourquoi les allégations de torture de leurs proches n’ont pas fait l’objet d’enquêtes.  »

Les quatre hommes exécutés – les frères Hadi bin Saleh Abdullah al Mutlaq et Awad bin Saleh Abdullah al Mutlaq, et les frères Mufrih bin Jaber Zayd al Yami et Ali bin Jaber Zayd al Yami – ont été arrêtés et placés en détention par des membres de la Direction générale des enquêtes du ministère de l’Intérieur (connu sous le nom d’al Mabahith) à plusieurs reprises après leur infraction présumée en 2007.

Ils auraient été torturés lors de leur interrogatoire ; ils auraient notamment été frappés et privés de sommeil, dans le but d’obtenir de faux « aveux ».

Ils ont été présentés au tribunal et condamnés à mort, en grande partie sur la base de ces « aveux ».

On constate une augmentation du nombre d’exécutions en Arabie saoudite depuis la fin du ramadan, le 28 juillet : 17 exécutions ont été annoncées entre le 4 et le 18 août, tandis que 17 avaient été confirmées entre janvier et juillet 2014.

Complément d’information

L’Arabie saoudite est l’un des pays qui procède au plus grand nombre d’exécutions dans le monde. Plus de 2 000 personnes y ont été mises à mort entre 1985 et 2013.

En 2013, les autorités ont exécuté au moins 79 personnes, dont trois étaient mineures au moment des faits pour lesquels elles avaient été condamnées, en violation de la Convention relative aux droits de l’enfant de l’ONU. Depuis le début de l’année 2014, au moins 34 personnes ont été exécutées.

En Arabie saoudite, les procédures judiciaires sont loin de respecter les normes internationales d’équité des procès. Les procès de personnes encourant la peine capitale ont souvent lieu en secret. Les accusés sont rarement autorisés à être officiellement représentés par un avocat et, dans bon nombre de cas, ils ne sont pas informés de l’avancée des poursuites engagées contre eux.

Ils peuvent être déclarés coupables sur la base de simples « aveux » obtenus sous la torture, les mauvais traitements ou la tromperie. Dans certains cas, les familles ne sont pas informées à l’avance de l’exécution de leur proche.

L’Arabie saoudite a recours à la peine capitale pour un large éventail d’infractions qui ne font pas partie des « crimes les plus graves », comme définis par les normes internationales relatives à l’application de la peine de mort. Sont passibles de ce châtiment l’adultère, le vol à main armée, l’apostasie, le trafic de drogue, le viol et la sorcellerie.

Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception car elle viole le droit à la vie, inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme, et constitue le châtiment le plus cruel, le plus inhumain et le plus dégradant qui soit.

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