Communiqué de presse

Arabie saoudite. La décapitation programmée par les autorités reflète leur mépris total pour les droits humains

La forte augmentation actuelle du nombre d’exécutions en Arabie saoudite se confirme avec une nouvelle décapitation prévue pour lundi 25 août, a déclaré Amnesty International vendredi 22 août.

Cette peine, à laquelle Hajras al Qurey a été condamné, sera la 23e exécution enregistrée au cours des trois dernières semaines - bien qu’il soit possible que d’autres aient lieu samedi 23 ou dimanche 24 août. Il y a quelques jours, Amnesty International a exhorté le royaume à suspendre toutes les exécutions après que quatre membres d’une même famille ont été décapités pour avoir « reçu des stupéfiants ».

« Le fait d’exécuter des personnes pour des infractions mineures et sur la base d’“aveux” arrachés sous la torture est devenu honteusement commun en Arabie saoudite. Le mépris total des autorités saoudiennes pour les droits fondamentaux est absolument choquant », a déclaré Said Boumedouha, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« L’application de la peine de mort en Arabie saoudite est si éloignée de quelconques paramètres juridiques que cela défie presque l’entendement. »

Hajras al Qurey, 53 ans, a été condamné à mort le 16 janvier 2013 dans la ville de Najran, dans le sud-est du pays, après avoir été déclaré coupable d’infractions en relation avec le trafic de stupéfiants. Il a été arrêté avec son fils Muhammad le 7 janvier 2012 à al Khadra, à la frontière avec le Yémen, lorsque des douaniers les ont soupçonnés de transporter des drogues dans leur voiture. Muhammad a été condamné à 20 ans de réclusion et 1 000 coups de fouet.

Les deux hommes affirment avoir été torturés durant leur interrogatoire et ont été privés d’assistance juridique avant leur procès. L’avocat d’Hajras al Qurey s’est plaint du fait que les seuls éléments de preuve invoqués par le parquet pour faire condamner son client étaient des « aveux » obtenus sous la contrainte, mais le tribunal n’a pas pris ses doléances en considération.

« Il est écœurant que l’État saoudien cautionne le fait d’exécuter des personnes après les avoir torturées pour les obliger à avouer des infractions, puis déclarées coupables à l’issue de procès indignes sans qu’elles ne puissent bénéficier d’une assistance juridique suffisante », a déclaré Said Boumedouha.

Le nombre d’exécutions a connu une forte hausse dans le pays depuis la fin du Ramadan, le 28 juillet, puisque l’on a recensé 22 exécutions entre le 4 et le 22 août. À titre de comparaison, 17 exécutions ont été annoncées entre janvier et juillet 2014.

Lundi 19 août, quatre hommes - Hadi bin Saleh Abdullah al Mutlaq et Awad bin Saleh Abdullah al Mutlaq, deux frères, et Mufrih bin Jaber Zayd al Yami et Ali bin Jaber Zayd al Yami, qui étaient frères eux aussi - ont été décapités.

On les aurait torturés lors de leurs interrogatoires, les soumettant à des passages à tabac et les privant de sommeil, dans le but de leur arracher de faux « aveux ». C’est largement sur la foi de ces « aveux » qu’ils ont été condamnés à la peine capitale.

Il a été ordonné à leurs familles de cesser de demander à des organisations de défense des droits humains de sauver ces hommes de l’exécution.

« Il est manifeste que les autorités sont plus soucieuses de menacer les proches des victimes dans le but de les contraindre au silence que de mettre fin à ce phénomène grotesque. »

Amnesty International s’oppose à la peine de mort dans tous les cas, sans aucune exception. Ce châtiment viole le droit à la vie, inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme. Il s’agit du châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit.

Dix faits choquants sur la peine de mort en Arabie saoudite

Plus de 2 000 personnes ont été mises à mort entre 1985 et 2013 dans ce pays.

Au moins 22 personnes ont été exécutées pour la seule période comprise entre les 4 et 22 août 2014, soit plus d’une par jour.

La peine de mort en Arabie saoudite est appliquée en violation des normes et du droit internationaux relatifs aux droits humains. Les procès des personnes passibles de la peine de mort se déroulent souvent en secret et les accusés bénéficient rarement de l’aide d’avocats.

Il est possible d’être déclaré coupable uniquement sur la base d’« aveux » obtenus sous la torture ou d’autres formes de mauvais traitements, ou par la ruse.

Le vol à main armée, l’apostasie, les infractions en relation avec les stupéfiants, le viol, la sorcellerie, et des crimes non violents tels que l’adultère sont passibles de la peine de mort.

Trois mineurs ont été exécutés en 2013, et pour l’instant un mineur a été condamné à mort cette année, ce qui est totalement contraire à la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant.

Dans certains cas, les parents de condamnés à mort ne sont pas informés à l’avance de l’exécution de leur proche.

Le nombre d’étrangers figurant parmi les personnes exécutées est disproportionné, en grande partie parce qu’ils ne bénéficient pas d’une assistance juridique adaptée ni de services de traduction adéquats. Près de la moitié des 2 000 personnes exécutées entre 1985 et 2013 étaient étrangères.

La peine capitale n’est pas épargnée aux personnes souffrant de troubles mentaux.

La plupart des exécutions se font par décapitation. Beaucoup ont lieu en public. Dans certains cas, les autorités laissent des corps sans tête sur le sol de places publiques à des fins de dissuasion.

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