Le prisonnier d’opinion éthiopien Bekele Gerba est privé des soins médicaux spécialisés dont il a besoin de toute urgence. Il souffre d’hypertension, ce qui a des conséquences sur sa vue : son œil gauche ne fonctionne plus qu’à 25 % de ses capacités. Il a été condamné à un an d’emprisonnement après avoir été accusé deux fois d’outrage à magistrat.
Fin janvier, Bekele Gerba, adopté comme prisonnier d’opinion par Amnesty International et ancien président du Mouvement démocratique fédéraliste oromo, a été emmené à l’hôpital Ménélik II d’Addis-Abeba (Éthiopie) pour ses yeux. Selon sa fille, les médecins de cet établissement public ont indiqué à Bekele Gerba et sa famille qu’ils ne disposaient pas du matériel nécessaire pour traiter son problème. Ils l’ont adressé à une clinique de la ville qui était suffisamment équipée mais la direction de la prison a informé sa famille qu’elle n’autoriserait pas sa prise en charge ailleurs que dans un hôpital public.
Selon la famille de Bekele Gerba, les vaisseaux de sa rétine sont gravement endommagés en raison de l’hypertension découlant du stress dont il souffre en détention. Son œil gauche fonctionne actuellement à 25 % de ses capacités. Sa tension est constamment de 190/110 depuis plusieurs semaines, ce qui indique qu’il est en pleine crise d’hypertension et a besoin de soins médicaux de toute urgence. Idéalement, elle devrait être inférieure à 120/80.
Le 5 février, Bekele Gerba et trois autres personnes comparaissaient devant un tribunal pour des actes de terrorisme et des infractions pénales qu’ils auraient commises en novembre et décembre 2015. Ils ont refusé de se lever et de confirmer leur présence à l’appel des juges, préférant lever les deux bras. Ils ont expliqué au tribunal qu’ils avaient été accusés d’outrage à magistrat en janvier 2018 parce qu’ils s’étaient levés et avaient parlé aux juges. Ayant refusé de le faire cette fois, Bekele Gerba, Gurmessa Ayano, Dejene Tafa et Addisu Bulala ont été de nouveau accusés d’outrage à magistrat. Ils purgent actuellement deux peines d’emprisonnement de six mois chacune, soit un an au total, pour outrage à magistrat.
Amnesty International considère que les actes de Bekele Gerba et des trois autres prisonniers qui ont conduit aux accusations d’outrage à magistrat relèvent de la liberté d’expression. Bekele Gerba est un prisonnier d’opinion, détenu uniquement pour avoir exercé pacifiquement ses droits humains.