I.6.1.1. Qu’est-ce que l’extrême droite ?

Définition :
Le terme d’extrême droite est très ambigu, car sous ce qualificatif sont usuellement rangés un grand nombre de mouvements, de courants et de partis qui ont relativement peu de choses en commun et qui sont souvent, d’ailleurs, antinomiques, adversaires, voire ennemis. Ce terme est, de fait, utilisé pour trois types de mouvements :
1. L’ensemble des mouvements et des partis siégeant, lorsqu’ils ont des élus, à l’extrême droite de l’hémicycle (à droite et en haut des gradins) ;
2. Des mouvements qualifiés de « réactionnaires », selon la définition marxiste du terme, présumés partisans d’un retour à un présupposé « ordre ancien » ;
3. Un ensemble de groupuscules identitaires, réellement extrémistes et pouvant être violents.
Ainsi, les différents courants de philosophie politique qui ont été définis comme inhérents à ces mouvements et ces partis, et classés, arbitrairement à l’extrême droite, renvoient soit au nationalisme, au populisme, au monarchisme (dans sa majorité), au fascisme ou même aux religions.
Nous nous attarderons aux mouvements définis selon la seconde et la troisième définition.
Historique
À partir des années 1920, l’Europe en particulier s’est enfoncée dans une des périodes la plus sinistre de son histoire. C’est l’époque - pas si éloignée - des milices et des partis d’extrême droite. C’est aussi l’apparition des régimes fascistes et autoritaires qui participeront à la Seconde Guerre mondiale. Des assassinats en masse ont été commis par les nazis (les membres du parti d’extrême droite allemand dirigé par A.Hitler) dans les camps d’extermination et de concentration.
Juifs, Tziganes, opposants, homosexuels, ont été des millions à être les victimes de cette folie meurtrière.
Aujourd’hui, les anciens militants fascistes et leurs héritiers se sont regroupés pour former de nouveaux mouvements qui obtiennent parfois d’importants résultats électoraux. Presque partout en Europe, l’extrême droite est de retour.
Les partis d’extrême droite européens ont chacun leur propre manière de fonctionner mais les idées qu’ils défendent comportent de nombreuses ressemblances.
En général, l’extrême droite s’oppose à la démocratie. Elle veut mettre en place un régime autoritaire sans être nécessairement totalitaire. De plus, elle veut une organisation de la société basée sur l’idée que les individus qui la composent sont naturellement inégaux.
Au patriotisme (la fierté d’appartenir à un pays est légitime), elle oppose un nationalisme intolérant qui limite très fortement la reconnaissance de droits pour les étrangers à la nation. Elle privilégie le droit du sang (transmission de la nationalité réduite aux enfants nés de parents du même pays) par rapport au droit du sol (on reçoit la nationalité par la naissance sur le territoire national et non par ses origines).
En Europe en particulier, il existerait en plus une sorte de classification entre les groupes ethniques, la « race blanche » dominante étant évidemment supérieure. Aujourd’hui, la notion de « race biologique » est fortement contestée.
Dans le discours de l’extrême droite, elle est de plus en plus souvent remplacée par un racisme culturel qui refuse tout mélange. L’extrême droite trouve le fascisme « très sympathique ». Ses modèles sont surtout Degrelle (parti REX belge), Mussolini (le fasciste italien), le Général Franco (Espagne), Salazar (Portugal) et Hitler.
Les idées des partis d’extrême droite, éléments généraux caractérisant les partis d’extrême droite :

  Filiation personnelle ou idéologique avec les régimes fascistes et/ou autoritaires. En effet, les mouvements d’extrême droite contemporains entretiennent pour la plupart une filiation plus ou moins nette avec les régimes fascistes et autoritaires qui ont vu le jour en Europe occidentale durant la première moitié du XXème siècle.

  Une distinction entre l’extrême droite parlementaire et l’extrême droite extra-parlementaire (skinheads, hooligans, etc.). Cette distinction est plus théorique que pratique.

  Afin de se dédouaner de sa filiation fasciste et totalitaire, l’extrême droite préfère évoquer des régimes « autoritaires » plutôt que « totalitaire », parler de différences « culturelles » plutôt que « raciales ».

  Mutation de l’électorat des partis extrémistes : au début des années 80, l’électorat cible de l’extrême droite s’est étendu au-delà des citoyens en état de « précarité sociale », pour aujourd’hui ratisser plus largement en suscitant la peur des couches plus aisées de la population.

Les partis extrémistes sont généralement :

  racistes et xénophobes : ils prônent le rejet des étrangers et développent un sentiment d’insécurité.

  utilisent un discours qui véhicule des idées fausses et des slogans très simplistes pour s’adresser aux gens comme par exemple : « Trois millions de chômeurs = trois millions d’immigrés en trop ! »

  refusent aux travailleurs le droit de manifester ou de faire grève

  sont contre la solidarité entre les gens (les citoyens ne devraient pas bénéficier de la sécurité sociale,...)

  se situent en rupture avec les fondements de la démocratie que sont l’égalité, la démocratie représentative et le rôle redistributeur (même modérément) de l’État.

  défendent une idée rétrograde de la famille où l’homme est le chef de famille, la femme s’occupe du ménage, donne naissance et élève ses enfants. Les membres de la famille n’étant pas réellement considérés comme des êtres humains mais comme des objets entièrement au service de l’État et de ses dirigeants.62

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