Égypte, Il faut immédiatement libérer un opposant de renom jugé pour s’être exprimé sur Internet

Hisham Kassem

À la veille de la décision de justice attendue le 16 septembre concernant Hisham Kassem, politicien d’opposition de premier plan et éditeur détenu arbitrairement depuis le 20 août uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression, Philip Luther, directeur du programme de recherche et de plaidoyer d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a déclaré :

« Les poursuites engagées contre Hisham Kassem, après qu’il a simplement publié des messages critiques en ligne montrent que les autorités égyptiennes poursuivent sans relâche leur campagne visant à réduire au silence leurs détracteurs pacifiques et à punir l’opposition, notamment en recourant à la diffamation pénale et à d’autres lois draconiennes.

« Critiquer le gouvernement et les fonctionnaires est un droit fondamental. Hisham Kassem doit être libéré immédiatement et sans condition, et les charges de diffamation pénale et autres accusations à caractère politique pesant sur lui doivent être abandonnées.

« Bien qu’un nombre limité de dissidents aient récemment été libérés [1] après un placement prolongé [2] et injuste en détention, il ne faut pas être dupe. Le bilan choquant de l’Égypte en matière de droits humains est manifeste, avec en toile de fond une nouvelle vague de détentions arbitraires et de poursuites [3] infondées visant les détracteurs.

« Les autorités égyptiennes doivent de toute urgence mettre fin au cycle sans fin d’arrestations et de poursuites visant les voix critiques, et cesser d’invoquer les lois pénales sur la diffamation pour museler la dissidence. Les États du monde entier doivent réclamer la justice et la liberté pour celles et ceux qui osent s’exprimer. »

Complément d’information

Hisham Kassem, 64 ans, est accusé de diffamation pour avoir critiqué en ligne la corruption présumée d’un ancien ministre. Il est également accusé d’avoir « insulté » et « dérangé » des fonctionnaires pour un message expliquant sa décision, le 20 août, de ne pas payer sa caution, notant qu’il était « plus honorable qu’Abdel Fattah al Sisi et tous ses hommes ». S’il est reconnu coupable, il encourt jusqu’à trois ans d’emprisonnement, selon ses avocats.

Les autorités ont également bafoué les droits de Hisham Kassem à un procès équitable, notamment son droit à une défense adéquate et à une audience publique. Ses avocats se sont vu refuser l’accès à son dossier avant le procès, tandis que les autorités ont interdit à des diplomates et aux médias d’assister aux audiences.

Hisham Kassem a observé une grève de la faim du 23 août au 12 septembre pour protester contre son emprisonnement injuste.

Ces derniers mois, Hisham Kassem a vivement critiqué la gestion de la crise économique par les autorités et le rôle de l’armée. En juin 2023, il a joué un rôle central dans la création d’une coalition de partis et de figures politiques de l’opposition libérale.

Depuis la réactivation du Comité des grâces présidentielles en mai 2022, des centaines de prisonniers détenus pour des raisons politiques ont été libérés, mais les arrestations arbitraires se poursuivent à un rythme alarmant, notamment pour les proches, basés en Égypte, de dissident·e·s vivant à l’étranger. En août, les pères d’Ahmed Gamal Ziada, journaliste égyptien, et de Fagr al Adly, militant ayant la double nationalité allemande et égyptienne, ont été arrêtés en raison du militantisme de leurs enfants.

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