Australie

EDDIE MABO, défenseur
des droits des peuples
autochtones
.

Eddie Mabo était un militant
aborigène dont les efforts ont
abouti, peu de temps après sa
mort en 1992, au renversement par la
Haute Cour d’Australie de la doctrine
de la « terra nullius » entraînant de ce
fait de profonds changements dans le
paysage juridique et législatif de l’Australie,
influençant le statut et les droits
fonciers des peuples indigènes et les relations interethniques
en général.
En déclarant l’Australie « terra nullius » (terre inhabitée),
les puissances coloniales s’arrogeaient le droit de s’approprier
les territoires découverts. Il a été fait peu de cas des
Aborigènes qui habitaient effectivement en Australie : aux
yeux des métropoles, ils ne formaient pas une entité étatique
souveraine et à ce titre, ne pouvaient pas posséder de terres.
La portée de l’affaire Mabo est un cas rare dans l’histoire
moderne de reconnaissance d’un droit tribal préexistant
comme supérieur à la loi fondamentale de la culture
des colons européens, indépendamment des implications
économiques et politiques.

Sources :
 Les Aborigènes dans l’Histoire de l’Australie, disponible sur :
<http://perso.orange.fr/oz-australie...>

 UNESCO, Les Manuscrits de l’Affaire Mabo, disponible sur :
<http://portal.unesco.org/ci/fr/ev.p...>

Rodney Croome et Nick Toonen, défenseurs
des droits des
minorités sexuelles.

Nick Toonen et Rodney
Croome sont tous deux militants
pour la défense des
droits des homosexuels, et membres
actifs du Groupe Tasmanien pour
les Droits des Gays et Lesbiennes
(Tasmanian Gay and Lesbian Rights
Group, <http://www.tglrg.org/>).
Ils ont mené une campagne dans la
capitale tasmanienne, Hobart, contre les articles 122 et 123
du code pénal de Tasmanie. Aux termes de cette législation,
les actes sexuels contre nature commis en privé entre
adultes consentants étaient passibles d’une peine de
prison pouvant aller jusqu’à vingt et un ans.
Toonen et Croome ont déposé une plainte contre le gouvernement
de Tasmanie auprès du Comité des droits de
I’Homme des Nations Unies. Ce dernier est l’organisme
émanant de l’ONU qui surveille le respect par les États signataires
du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
En 1994, le Comité leur a donné raison et le gouvernement
australien a voté le « Human rights (Sexual conduct)
act » (loi sur les droits humains conduite sexuelle), qui
reconnaît le droit à l’intimité sexuelle dans le droit australien.


INFORMATIONS GENERALES

La population est aujourd’hui à 92% d’origine européenne.
Les premiers habitants, les Aborigènes sont moins de 400
000 (moins de 1 % de la population totale). Ces derniers survivants
ont été confrontés, comme les Amérindiens du Canada,
au choc entre leurs coutumes ancestrales et le progrès technologique.
Mais cette population a pu conserver sa culture, sa relation
si particulière avec la terre et le temps. Une culture de
laquelle nous ne connaissons que quelques emblèmes, comme
le didjeridoo, un instrument de musique traditionnel, et le boomerang.
Selon les connaissances anthropologiques actuelles, les Aborigènes
sont les descendants des
populations austronésiennes qui
ont migré de la Papouasie Nouvelle
Guinée à l’Australie il y a entre 40
000 et 60 000 ans.
Les Européens n’explorent la
région que beaucoup plus tardivement,
au XVIIe siècle. Le Hollandais
Willem Janszoon découvre les côtes
australiennes en 1605 et James Cook
ne fonde la colonie britannique du New South Wales (Nouvelle-
Galles-du-Sud) qu’en 1770.
À leur arrivée, ils ne reconnaissent pas la souveraineté des
tribus indigènes et déclarent l’Australie « Terra Nullius » et s’approprient
peu à peu l’ensemble des terres australiennes, y compris
les terres ancestrales aborigènes.
L’île devient une immense colonie pénitentiaire où sont
envoyés les repris de justice et les prisonniers politiques. Suite
aux revendications des pionniers européens, l’Australie acquiert
un début d’autonomie à la proclamation de l’Australian Colony
Act en 1840 et devient un pays souverain membre du Commonwealth
en 1901.

Les Aborigènes sont décimés par les massacres, les maladies
importées par les Européens, et surtout par la politique
d’assimilation culturelle menée par la puissance occupante.
Un rapport du gouvernement australien estime que de 1910 à
1970, entre un enfant sur trois et un enfant sur dix auraient été
enlevés de force à leur famille aborigène pour être
élevé par des colons. Cette « génération perdue » compte de 40 000 à 100 000 individus.
Les Européens d’Australie se sont inquiétés de ce
que leur territoire ne soit envahi par d’autres populations,
et tout particulièrement par des asiatiques. Les débats du
Parlement de l’époque montrent clairement que les députés australiens
–y compris ceux de l’opposition- considéraient les Chinois
comme une menace à leur culture et à leur bien-être.
La Loi de Restriction Relative à l’Immigration de 1901
(Immigration restriction Act of 1901) est l’une des première loi adoptée
par le nouveau Parlement fédéral. Celle-ci stipule entre
autres que les services postaux australiens n’emploieront que
des Européens, et interdit l’immigration en Australie de toute
personne ne pouvant écrire plus de 50 mots dans une langue
européenne. Les personnes ne parvenant pas à remplir ce test
d’orthographe, sont arrêtées, détenues jusqu’à leur déportation
et doivent payer une amende de 100£. Cette loi est restée en
vigueur jusqu’en 1958.

À partir des années 60, la politique de « l’Australie
blanche » est de plus en plus controversée et critiquée par les
puissances occidentales. Elle est définitivement abandonnée
dans les années 70 et les migrants non-européens affluent en
masse. Aujourd’hui, les Asiatiques composent environ 7% de la
population totale. Le problème de l’accueil des « boat-people
 », ces réfugiés fuyant leur pays d’origine sur des embarcations
de fortune, n’est toutefois pas résolu.
Le statut des populations aborigènes dans la société
australienne est une autre question délicate. Si les Aborigènes
obtiennent la reconnaissance de leur nationalité australienne
en 1967 et, par là même, un droit de vote aux élections fédérales,
ils n’ont toujours aucun droit sur leurs terres ancestrales
qui continuent d’être exploitées par des compagnies minières
ou des agriculteurs.
Il faut attendre l’Arrêt Mabo de 1992 (Cour Suprême Fédérale)
pour que les autorités australiennes acceptent le droit
ancestral aborigène et leur accordent des droits fonciers substantiels.
Malheureusement, ces nouveaux droits ne s’accompagnent
pas d’une plus grande intégration sociale.
La mémoire de ce que beaucoup appellent le « génocide
des Aborigènes » reste un sujet sensible. En 1999, le premier
Ministre John Howard a refusé publiquement et à plusieurs
reprises de présenter des excuses au nom de l’autorité australienne
pour les exactions commises à l’encontre du peuple aborigène
et notamment envers la « génération perdue ».

DROITS HUMAINS

En 2005, les indigènes représentaient un pourcentage
disproportionné de la population carcérale par rapport à
l’ensemble de la population. Une étude relevait que les Aborigènes
étaient 11 fois plus susceptibles d’être emprisonnés que
les autres Australiens et que leur espérance de vie était inférieure
de dix-sept ans, en moyenne, à celle de la population
dans son ensemble.
Les pratiques en matière de détention des immigrés ont
été sensiblement modifiées, permettant la remise en liberté
d’un certain nombre de demandeurs d’asile mineurs et de leurs
familles. Toutefois, l’Australie appliquait toujours la politique
qui consiste à placer systématiquement les demandeurs
d’asile en détention.

Le gouvernement n’a pas apporté de financement suffisant
aux budgets pour l’année 2005 des deux grands programmes
nationaux relatifs aux violences infligées aux femmes. L’Institut
australien de la santé et de la protection sociale a révélé que,
en moyenne, 48 % des femmes fuyant des violences conjugales
se voient refuser un logement spécial par manque de ressources.
Il est à craindre que les nouvelles mesures de lutte contre le
terrorisme n’aient des répercussions négatives sur les
droits fondamentaux de la personne. Au nombre de celles-ci
figurent la détention secrète pendant quatorze jours sans inculpation
ni procès, ainsi que des ordonnances restrictives renouvelables
dont la durée d’application pouvait atteindre douze mois.
Ces ordonnances risquent de restreindre considérablement la
liberté de mouvement et d’association, mais aussi de limiter les
possibilités en matière d’emploi et de communication. De nouvelles
lois sur la sédition limitent également la liberté d’expression.

Pour plus d’informations, se référer au Rapport 2006 d’Amnesty
International, disponible sur :
<http://web.amnesty.org/report2006/a...>

PISTES PÉDAGOGIQUES

 Après avoir projeté et étudié le film Rabbit-Proof Fence, de
Phillip Noyce (2002), réaliser un exposé sur la « génération
perdue ».

Se référer à : ‘Stolen Children’ National Inquiry, Bringing
them home, Parlement Fédéral, 1997, disponible à partir de :
<http://www.hreoc.gov.au/social_just...>

Consulter le dossier pédagogique disponible sur :
<http://www.hreoc.gov.au/bth/index.htm>

 Introduction à la culture aborigène : présenter
quelques éléments de la culture aborigène (mythologie, art,
mode de vie).

Consulter les sites suivants :
 le dossier pédagogique du Musée Indigenous Australia, disponible
sur :
<http://www.dreamtime.net.au/>. On y trouve des contes et
légendes, des images, des informations sur l’héritage culturel
aborigène, etc.

 le site Les aborigènes, disponible sur :
<http://perso.orange.fr/oz-australie...>

Se référer à :
 Jean-Jacques de Dardel, Art Aborigène, Musée Olympique,
2001.

 Cyril Havecker, Le Temps du rêve : La Mémoire du peuple aborigène
australien, Rocher, 2003.

 Faire une présentation historique de la politique d’immigration
australienne.

Consulter les sites suivants :
 Département de l’immigration et des affaires multi-culturelles,
Abolition of the ‘White Australia’ Policy, disponible sur :
<http://www.immi.gov.au/media/factsh...>

 Parliamentary Education Office, Immigration Restriction Act
1901, disponible sur :
<http://www.peo.gov.au/resources/imm...>

 National Archives of Australia, Immigration Restriction Act
1901, disponible sur :
<http://www.foundingdocs.gov.au/item...>

Se référer à :
 Eva Le Pallec, La criminalisation des réfugiés en Australie,
Plein Droit, n°58, 2003, disponible sur :
<http://www.gisti.org/doc/plein-droi...>

 Délégation du groupe sénatorial France-Australie, Une Société
Multiculturelle, in L’Australie, une ambition mondiale, Sénat,
2000, disponible sur : <http://www.senat.fr/ga/ga-031/ga-
...
>

 Cinéma : projeter et étudier :

 Walkabout, Nicolas Roeg (1971) : introduit la thématique du
voyage initiatique chez les aborigènes.

 Manganinnie, John Honey (1980) : Tasmanie, Australie du
Sud, 1830. Manganinnie a échappé au massacre de sa tribu
par les soldats anglais, Elle part à la recherche des siens en
suivant le cycle des migrations ancestrales. Elle rencontre la
petite Joanna qui décide de la suivre...

 10 canöes, 150 lances et 3 épouses, Rolf de Heer et Peter Djigirr
(2006), reprend avec beaucoup d’humour une légende
ancestrale aborigène d’amours interdits, d’enlèvement, de
sorcellerie et de vengeance qui tourne mal.

2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit