BELGIQUE - Demandeurs d’asile : les autorités belges ne tiennent pas assez compte des persécutions spécifiques aux femmes

« Certes, les femmes ont également droit à l’asile. Mais, en Belgique, les instances d’asile n’accordent pas assez d’attention aux raisons spécifiques qui peuvent pousser des femmes à fuir leur pays. De même, nos instances ne prennent que trop peu en compte les sensibilités particulières des femmes durant la procédure d’asile proprement dite. »

Ainsi s’exprime Amnesty International à l’occasion de la Journée mondiale des Réfugiés. L’organisation appelle le gouvernement belge à s’atteler d’urgence à une politique coordonnée en matière de genre et d’asile.

Les femmes représentent un tiers du nombre total des demandeurs d’asile en Belgique. Tout comme les hommes, elles peuvent introduire une demande d’asile dans notre pays et ont droit à un traitement égal lors de l’examen de leur demande d’asile. Mais, pour Amnesty, les instances d’asile devraient également tenir compte des raisons spécifiques pour lesquelles ces femmes fuient leur pays, des raisons souvent liées à leur statut de femmes.

Devraient être considérées comme des causes spécifiques de persécution liées à leur condition de femme : l’incidence indirecte des activités (politiques ou autres) de leur époux ou de leurs parents, les violences sexuelles ainsi que d’autres formes de violence. Par ailleurs, des femmes fuient également leur pays parce qu’elles y sont victimes de discriminations, de punitions et de traitements inhumains et humiliants infligés pour avoir enfreint les lois ou les normes traditionnelles quant au rôle de la femme dans la société. De même, ces femmes y sont souvent les victimes de pratiques traditionnelles nuisibles telles que les mutilations génitales, les limitations forcées de grossesse, les crimes d’honneur et les mariages forcés.

Or, le « sexe » ou le « genre » ne sont pas repris comme causes de persécution dans la législation belge en matière d’asile. Il est pourtant nécessaire que les instances d’asile vérifient de façon systématique si c’est pour les mobiles évoqués ci-dessus que les femmes demandent à se voir reconnu le statut de réfugié. Pour ce faire, Amnesty considère que des directives moins formelles et moins littérales doivent être adoptées afin que les instances d’asile puissent opérer correctement.

Il est nécessaire d’élaborer des directives qui tiennent compte non seulement des persécutions liées au « genre » mais également de la façon de traiter les femmes pendant la procédure d’asile proprement dite. S’il n’est pas accordé une attention suffisante aux besoins et à la vulnérabilité spécifiques des femmes durant cette procédure, cela peut conduire à un rejet injuste de leur demande d’asile. Ainsi, les femmes devraient avoir l’opportunité d’introduire une demande d’asile séparée, c’est-à-dire indépendamment de leur partenaire. Cette demande doit pouvoir être effectivement instruite et ne pas être seulement envisagée comme un moyen de confirmer le récit livré par le partenaire, comme c’est hélas trop souvent le cas.

Il est particulièrement difficile pour les femmes qui ont été victimes de violences sexuelles et d’autres expériences traumatisantes dans leur pays d’origine de parler de ces événements et d’appuyer leur demande d’asile. Afin que les femmes aient davantage l’opportunité d’étayer leur témoignage, il est nécessaire d’élaborer un paquet de mesures spécifiques. Ainsi, l’audition doit avoir lieu dans un environnement serein ; les fonctionnaires et les interprètes doivent avoir une connaissance et une expertiste suffisantes ; et , enfin, une assistance médicale et psychologique doit être accessible. Ces mesures doivent être appliquées de manière uniforme par toutes les instances d’asile.

Pour autant, Amnesty International ne se veut pas seulement négatif quant au traitement réservé aux demandeuses d’asile dans notre pays. Depuis quelques années, on observe une sensibilité croissante à la problématique du genre dans la procédure d’asile. Les mesures prises ont été réellement élargies. Mais il n’est hélas pas encore question d’une politique coordonnée en matière de genre et d’asile. C’est pourquoi Amnesty plaide pour la création d’un Bureau du Genre au sein de l’Office des Etrangers, bureau qui fonctionnerait comme centre coordonné de documentation et d’information ainsi que comme organe d’avis auprès des instances belges d’asile. En outre, tant l’Office des Etrangers que le Commissariat général aux Réfugiés et Apatrides doivent adopter des directives et un code de conduite globaux sur la problématique des demandeuses d’asile.

« Comme l’on sait, il faut du courage pour être une réfugiée ; il en faut souvent encore davantage aux femmes pour oser parler de ce qu’elles ont vécu. C’est à nos autorités de faire le pas et de montrer l’empathie nécessaire pour que ces femmes n’aient pas à revivre ici les horreurs qu’elles ont subies là-bas », a conclu l’organisation.

Pour un aperçu complet des revendications qu’Amnesty International a adressées aux parlementaires belges, aux autorités belges et au ministre de l’Intérieur Patrick Dewael, vous pouvez consulter le lien suivant :
http://www.amnestyinternational.be/...

Pour obtenir de plus amples informations, veuillez contacter le Service Presse d’Amnesty International au 02 543 79 04 ou consulter le site http://www.amnesty.be et http://www.amnesty.org.

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