5.4. Violences au travail : harcèlement sexuel et moral.

5.4. VIOLENCES AU TRAVAIL : HARCELEMENT SEXUEL ET MORAL

Le harcèlement sexuel est défini comme “toute forme de comportement verbal, non-verbal ou corporel de nature sexuelle dont celui qui s’en rend coupable sait ou devrait savoir qu’il affecte la dignité de la personne sur le lieux de travail ”.

Quel que soit le type de harcèlement sexuel, on révèle deux composantes essentielles du concept de harcèlement sexuel :
  Une conduite (non-verbale, verbale ou physique) à connotation sexuelle et/ou sexiste non désirée par autrui et imposée le plus souvent par un supérieur hiérarchique : affiches pornographiques, plaisanteries obscènes, attouchements, propositions sexuelle etc...
  Un effet harcelant qui se mesure soit en fonction de la conduite du "pervers", soit en fonction des conséquences de cette conduite.

Quant au harcèlement moral, ou "mobbing", il est un une forme de terrorisme psychologique, une guerre des nerfs, une guerre d’usure n’ayant rien à voir avec les petites misères et les conflits émaillant la vie professionnelle. Le mobbing, c’est en fait l’attitude négative d’une ou plusieurs personnes s’acharnant sur une collaboratrice ou un collaborateur. Souvent, cette pression est exercée par l’ensemble des collaborateurs et est insidieusement menée par le patron. Allusions, calomnies, humiliations, menaces, tous les moyens sont bons quand on a trouvé sa victime. Le harcèlement moral est aussi un moyen utilisé par le groupe pour imposer sa logique, pour mettre au pas les anti-conformistes ou ceux qui pourraient déranger les habitudes du groupe, notamment ceux qui dénoncent ses dysfonctionnements.

Les victimes de harcèlement sexuel sont en grande majorité des femmes, bien qu’il puisse exister des formes de harcèlement sexuel envers les hommes, mais elles sont beaucoup plus rares. En revanche, le harcèlement moral concerne aussi bien les hommes que les femmes.

La Recommandation du 27 novembre 1991 de la Commission des Communautés Européennes stipule que “ tout comportement à connotation sexuelle ou fondé sur le sexe, qui affecte la dignité de la femme au travail, qu’il soit le fait de supérieurs hiérarchiques ou de collègues, constitue une violation intolérable de la dignité des travailleurs ou des stagiaires”

TEMOIGNAGE DE MME B.

(...) Quand je suis rentrée dans ce milieu, j’écrivais mes bouquins, ma vie artistique m’occupait plus que ma vie professionnelle. Quand le président m’a dit de travailler pour lui, j’étais très contente. Et j’ai eu une relation qu’il ne fallait pas avoir, j’ai cru que c’était papa qui était gentil avec moi, qui me flattait, qui me faisait un compliment, donc qu’il fallait que je bosse bien, etc...
(...) L’ancien chef du personnel savait que les femmes étaient à sa disposition. On vous disait ça de façon très banale, on n’avait même pas à s’en étonner. Maintenant je sais que si on vous sollicite pour vous offrir des ponts en or, on veut vous utiliser et il ne faut pas se sentir flatté.
Et il a commencé a me toucher, une fois, deux fois, trois fois - une main aux fesses, une main qui effleure vos seins,- et j’avais honte, je ne savais pas si c’était moi qui délirais dans ma tête, étant donné le prestige du personnage. Il y avait un sacré malaise. Par exemple j’étais en train de travailler et puis j’étais agressée physiquement. Il avait un pansement sur le nez, il fallait que je lui refasse le pansement. Il avait mal au dos, il fallait que je le masse. Du soir au matin, il me demandait de venir dîner ; pendant des semaines il m’a demandé de venir chez moi. Il m’apportait des talons aiguilles, me disait que j’étais une cruche, que j’étais trop grosse, que j’étais un tas. Ou alors que j’avais quelque chose de vraiment très beau, qu’il n’avait jamais vu un aussi joli profil, j’étais une chose, détaillable du soir au matin. Il voulait connaître ma vie, qui je fréquentais. Il a fait une enquête pour savoir si je vivais avec quelqu’un. Il a fallu que j’invente une histoire que je lui dise que je vivais avec quelqu’un. " Et il est comment ? Il te baise mal ? " Enfin c’était tout le temps une dégradation de la personne.
(...) Je lui ai dit " Ces gestes je ne les supporte pas, il vaut mieux qu’on ne travaille pas ensemble. " Alors il m’a dit " Mais tu n’as rien compris, je ferai ton bonheur, ta fortune, je ferai ta réussite, je ferrai ta carrière, je veux te sauver, etc... ". Et je lui ai dit : " Vos gestes et votre comportement, je l’admet d’un pauvre type qui n’a pas votre culture ni votre niveau social, mais pas de quelqu’un comme vous, au poste ou vous êtes, avec la prestance que vous avez. "

Source : http://g.beernaert.free.fr/mob/home.htm
Site sur le harcèlement moral et sexuel, contenant beaucoup d’infos pratiques et des témoignages.

DEBAT
Quel sont les différents signes de harcèlement sexuel dans ce témoignage ?
Comment réagiriez-vous dans ce genre de situation ?
Que pensez-vous de l’attitude de la victime ?

DU DANGER DE PORTER PLAINTE : LE HARCELEMENT COMME MOYEN DE PRESSION
Au Paraguay en mai 1999, deux jeunes femmes de 23 et 27 ans ont osé introduire une plainte contre le gérant de production de la ferme où elles travaillaient. A maintes reprises, il leur avait promis de l’argent et d’autres avantages si elles répondaient à ses exigences amoureuses. Ce dernier a riposté en portant plainte pour diffamation. A l’issue de la procédure judiciaire, les deux jeunes femmes ont écopé de deux mois de prison ferme !

Les femmes qui s’organisent pour contester la discrimination les condamnant à de faibles salaires et à des conditions de travail dangereuses sont souvent victimes de harcèlement et d’actes d’intimidation.
Au Guatémala, des femmes qui tentaient de créer des sections syndicales dans des maquilas (usines d’assemblage appartenant à des multinationales) ont été enlevées, violées et battues par des propriétaires de maquilas et leurs tueurs à gages, dont certains agissaient, semble-t-il, de connivence avec les forces de l’ordre. Les travailleurs des maquilas, dont la majorité sont des ouvrières, font de très longues journées de travail dans des conditions dangereuses ; certaines ont raconté avoir été enfermées dans l’usine et forcées d’y rester jusqu’à ce qu’elles aient fait la production qui leur était demandée. Elles ont aussi signalé avoir subi des violences sexuelles et avoir été battues par les responsables de l’usine.
Récemment, le viol des filles de syndicalistes a été encouragé par la direction d’une plantation au Guatemala (pour en savoir plus : http://www.amnestyinternational.be/doc/article4111.html).

La mondialisation a notamment eu pour conséquence que de nombreuses femmes, contraintes par la pauvreté et la marginalisation à chercher un emploi, ont quitté leur foyer. Arrachées à leur milieu, privées de tout soutien social, elles sont souvent très vulnérables à l’exploitation et à la violence.
Les femmes qui quittent leur pays pour chercher du travail et une vie meilleure risquent souvent d’être victimes de très graves violations de leurs droits de la part de trafiquants d’être humains ou d’employeurs sans scrupule. Quand elles tentent de signaler ces exactions et d’échapper à la servitude involontaire, au travail forcé ou à l’esclavage, elles sont fréquemment confrontées à l’indifférence des autorités chargées de la police des frontières. En fait, la réaction des autorités face aux plaintes des victimes de trafic humain constitue parfois une violence supplémentaire, par exemple, quand elle se traduit par le retour forcé de celles qui ont fui des situations dangereuses et violentes. Celles qui trouvent le courage de fuir ne trouvent donc pas toujours le soutien qu’elles méritent. Par exemple, Amnesty International a constaté que les femmes introduites illégalement en Israël et victimes de violations sérieuses de leurs droits fondamentaux ont été systématiquement renvoyées sans prendre en compte la situation qu’elles trouveraient à leur retour dans leur pays (voir chapitre 5.3 sur la traite des femmes et la prostitution forcée).

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