6.2. Viol, arme de guerre.

6.2. Viol, arme de guerre

La violence contre les femmes est souvent utilisée comme une arme de guerre, visant à les punir et à les déshumaniser, et à persécuter le groupe auquel elles appartiennent.
Les conflits qui ont eu lieu en Bosnie-Herzégovine et au Rwanda dans les années 1990 ont attiré l’attention sur le niveau des atrocités commises contre les femmes. Les meurtres, les viols systématiques et généralisés ainsi que les autres formes de violence sexuelle ont été utilisés dans le but de démoraliser l’ennemi et de l’exterminer. Au Rwanda, par exemple, les viols collectifs, les mutilations sexuelles et l’humiliation sexuelle (consistant, par exemple, à faire défiler des femmes tutsi nues en public) ont été des pratiques courantes pendant le génocide.
Lorsque le conflit cesse, la violence ne diminue pas forcément. Dans les sociétés ravagées par la guerre, la violence exercée contre les femmes est souvent très importante, au sein de la famille ou dans la communauté.

Natalie avait douze ans quand son village en République démocratique du Congo a été attaqué. “ J’ai vu mes sœurs et ma mère violées par de nombreux soldats. J’avais peur et je pensais que je pourrais être protégée si je rejoignais l’armée. Je voulais me défendre... Je n’avais que douze ans, mais pendant la nuit j’étais souvent battue et violée par les autres soldats. J’ai eu un bébé dès que j’ai eu quatorze ans. Je ne sais même pas qui est le père. Je me suis enfuie... Je n’ai nulle part où aller et je n’ai rien à donner à manger à mon bébé. ”

“Les femmes ont été, à bien des titres, au centre du carnage du Gujarat, et leurs corps ont servi de champ de bataille... Le corps des femmes a été employé comme une arme dans cette guerre, comme un symbole de dérision ou un moyen de déshonorer les hommes. Pourtant, on demande aux femmes de supporter tout cela en silence)”. Les autorités de l’État, le gouvernement central et la police n’ont pas su protéger ces personnes, et dans de nombreux cas, se seraient même associés aux agresseurs.

Le viol comme arme de guerre dans le monde

Partout dans le monde, le viol est utilisé de façon planifiée pour humilier et déshumaniser l’ennemi. Pour les femmes qui ont été torturées ou violées en temps de guerre, il est souvent impossible de prétendre à des soins médicaux et à une réparation en justice. Les enquêtes menées, par exemple, dans l’ex-Yougoslavie, dans le nord de l’Ouganda, dans l’est du Congo et en Inde ont démontré que la plupart des victimes de viol ne parlent pas par crainte d’être stigmatisées par la société ou repoussées par leur mari. Les témoignages montrent également que cette peur est tout à fait justifiée : certaines femmes violées n’ont jamais pu trouver de mari, tandis que celles qui étaient mariées ont souvent été abandonnées par leur époux.
Rwanda
D’après une estimation de l’Organisation des Nations unies, entre 250 000 et 500 000 viols ont été commis au cours du génocide de 1994. Les humiliations faisaient partie intégrante des sévices infligés : certaines femmes ont été contraintes de défiler nues en public ou de se livrer à des actes dégradants sur ordre de soldats et de miliciens.

Pour en savoir plus :

  Rwanda, les femmes accablées par la tragédie
web.amnesty.org/actforwomen/rwa-070404-action-fra
Marquées à vie, les survivantes de viol vivant avec le Sida au Rwanda, Amnesty International,
AFR 47/007/2004, avril 2004.
web.amnesty.org/library/index/engafr470072004

  Vidéo : " Silence on viole ", Planète en question, RTBF, émission du 31/08/2004.
Un reportage bouleversant sur le viol comme arme de guerre au Kivu.
Darfour (Soudan)
Des fillettes âgées de huit ans et des femmes ont été victimes de viols ou utilisées comme esclaves sexuelles.
Pour en savoir plus :

  Soudan, Le viol comme arme de guerre dans le Darfour, Amnesty International, AFR 54/084/2004
www.amnestyinternational.be/doc/article4131.html
Guatemala
Pendant la guerre civile qui a marqué les années 70 et 80, les massacres des villageois maya ont généralement été précédés du viol des femmes et des jeunes filles. En décembre 1982, par exemple, des soldats guatémaltèques sont entrés dans le village de Dos Erres (La Libertad, département de Petén), situé dans le nord du pays. Lorsqu’ils sont repartis, trois jours plus tard, plus de 350 personnes -dont des hommes, des femmes et des enfants- avaient été tuées. Les femmes et les adolescentes avaient été systématiquement violées avant d’être abattues. L’enquête sur ce massacre a été entravée par des menaces de mort et des actes d’intimidation répétés contre les familles des victimes et les membres des équipes médico-légales. Aujourd’hui, en dépit des informations détaillées fournies par des témoins oculaires, personne n’a été traduit en justice.
Tchetchénie (Russie)
Comme pour beaucoup d’autres conflits, il est difficile d’évaluer le nombre de viols commis en Tchetchénie, car les femmes ont souvent honte et peur de témoigner. Un récent rapport de la Fondation Médicale de Londres analyse la situation de 35 demandeurs d’asile (16 hommes et 19 femmes) admis en son centre de soins, en tant que victimes du conflit tchétchène. Durant l’évaluation et le traitement, 16 femmes et un homme ont révélé aux cliniciens de la Fondation médicale avoir été violés. Dans 13 cas, les auteurs présumés étaient des soldats russes, dans trois cas, des policiers russes et dans le dernier cas, des rebelles tchétchènes. Sur ces 17 victimes, 10 étaient tchétchènes, cinq d’origine russo-tchétchène (notamment la femme qui a raconté son viol par des combattants tchétchènes) et deux russes.
Pour en savoir plus :

  Viols et autres tortures dans le conflit tchétchène : éléments de preuve fournis par des demandeurs d’asile arrivant au Royaume-Uni , Fondation Médicale, Londres, avril 2004. www.torturecare.org.uk
Bosnie-Herzégovine
Il est extrêmement difficile d’évaluer l’étendue des sévices sexuels auxquels les femmes ont été soumises en Bosnie-Herzégovine. Ces difficultés sont dues, entre autres, à la honte et à l’ostracisme social qui dissuadent de nombreuses femmes de parler de ce qu’elles ont subi. De plus, le chaos administratif qui a accompagné le conflit armé en Bosnie-Herzégovine a rendu presque impossible la collecte systématique de données, sauf dans quelques centres.
Toutes les parties au conflit ont commis de tels actes, mais les femmes musulmanes en ont été les principales victimes et les principaux auteurs des violences se sont recrutés au sein des forces armées serbes. Les éléments dont on dispose montrent que, dans certains cas, le viol des femmes a été effectué d’une façon organisée ou systématique, en détenant délibérément celles-ci pour les violer et leur faire subir des sévices sexuels.

Pour en savoir plus :

  BOSNIE-HERZÉGOVINE, Viols et sévices sexuels pratiqués par les forces armées,
AMNESTY INTERNATIONAL, EUR 63/01/93
http://web.amnesty.org/library/index/fraeur630011993
Burundi
Le viol est devenu un fait indissociable de la crise au Burundi car, dans la majeure partie des cas, ceux qui commettent cet acte, qu’il s’agisse de militaires, de membres de groupes politiques armés ou de particuliers, ne sont pas traduits en justice.
Pour en savoir plus :

  Burundi, Le viol, une atteinte aux droits humains passée sous silence, Amnesty International, AFR 16/006/2004, février 2004
web.amnesty.org/library/index/FRAAFR160062004
Sierra Leone
Les enlèvements, les viols et l’esclavage sexuel de femmes et de jeunes filles constituent l’un des aspects les plus abjects et révoltants du conflit armé qui a ravagé la Sierra Leone.
Pour en savoir plus :

  Sierra Leone, Viols et autres violences sexuelles dont sont victimes femmes et jeunes filles, AMNESTY INTERNATIONAL, AFR 51/035/00, juillet 2000.
http://web.amnesty.org/library/index/fraafr510352000
RECHERCHE / HISTOIRE
Au Japon, les “ femmes de confort ” ont été traitées comme esclaves sexuelles par l’armée japonaise durant la seconde guerre mondiale. Trouvez plus d’informations sur cet épisode et sur les démarches entreprises par les victimes afin d’obtenir un dédommagement.

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