FÉDÉRATION DE RUSSIE : Combattre le racisme pour mettre fin au climat d’impunité

Index AI : EUR 46/024/2003

La discrimination raciale est une réalité pour de nombreuses personnes
appartenant à des minorités ethniques ou nationales en Fédération de
Russie, a mis en garde Amnesty International, à l’occasion de la publication
de son dernier rapport « Vos papiers ! » La discrimination raciale en
Fédération de Russie, à la veille de la Journée internationale de lutte
contre la discrimination organisée par les Nations unies.

« La répression des droits humains à travers le monde, y compris en
Fédération de Russie, après le 11 septembre 2001, reste l’une des
préoccupations les plus urgentes en ce qui concerne les droits fondamentaux,
a déclaré Amnesty International. Dans des situations de tension croissante,
les membres des minorités ethniques, les réfugiés et les personnes déplacées
de l’intérieur sont les groupes les plus vulnérables de la société. L’État
doit assumer sa responsabilité et protéger les droits humains de tous ses
citoyens. »

Le rapport d’Amnesty International contient de nombreux exemples de cas dont
l’organisation a eu connaissance et qui illustrent les préoccupations
d’Amnesty International. Ils concernent des étudiants africains et des
Tadjiks de souche, agressés par des skinheads et qui n’ont reçu aucun
dédommagement, la police n’ayant pas mené d’enquête réelle ; des Turcs
meskhètes, dans l’impossibilité de se faire enregistrer, auxquels on a
arbitrairement refusé le statut de citoyens de la Fédération de Russie, ce
qui entraîne alors la non-reconnaissance d’un certain nombre de droits
fondamentaux tels que le droit à la liberté de mouvement ; des Tchétchènes
de souche soumis à des contrôles d’identité et interpellations arbitraires ;
des attaques racistes de Juifs et de Rom.

« Le racisme est une agression contre l’idée même de droits universels de la
personne humaine. Il nie systématiquement à certaines personnes le plein
exercice de leurs droits fondamentaux, à cause de la couleur de leur peau,
de leur appartenance raciale ou ethnique, de leur origine sociale ou
nationale. Le droit de ne pas être soumis à la discrimination raciale est un
principe fondamental du droit international relatif aux droits humains », a
déclaré l’organisation.

Au moment où sera rendu public le document d’Amnesty International, le
Comité des Nations unies pour l’élimination de toutes les formes de
discrimination raciale s’apprêtera à débattre à Genève de ses conclusions et
recommandations au rapport périodique soumis par le gouvernement russe. La
Fédération de Russie est signataire d’un grand nombre de traités relatifs
aux droits humains et à la discrimination raciale en particulier, dont la
Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de
discrimination raciale.

Aux termes des traités internationaux, le gouvernement russe a l’obligation
de veiller à ce que la législation et les institutions du pays s’attaquent
aux causes et aux conséquences de la discrimination.

Le Conseil de l’Europe, l’Union européenne, l’Organisation pour la sécurité
et la coopération en Europe (OSCE) et les Nations unies se sont tous dits
préoccupés par le racisme et la discrimination en Fédération de Russie et
ont formulé des recommandations à l’adresse des autorités.

Les organisations non-gouvernementales de la Fédération de Russie continuent
d’effectuer un important travail pour lutter contre le racisme, la
discrimination et l’intolérance en Russie. Elles ont à faire face à
d’importantes difficultés, nécessitant un travail méthodique et solide,
dont les effets ne se feront sentir qu’à long terme. « Bien que le mouvement
contre le racisme et pour la tolérance soit nouveau dans la société civile
russe, il prend de l’ampleur ; il regroupe des organisations
non-gouvernementales (ONG) de défense des droits humains, des groupes
appartenant aux différentes minorités raciales et ethniques, des
organisations de migrants, des mouvements anti-nazis et des groupes de
défense des droits sociaux.

Tous apprennent peu à peu à maîtriser les méthodes de veille en matière de
discrimination raciale, à lutter contre le racisme en portant des affaires
devant les tribunaux, à apporter leur soutien à des personnes victimes
d’actes racistes et à mener des campagnes de sensibilisation ; ils
comprennent qu’il est important d’avoir des actions coordonnées, de partager
les mêmes perceptions et d’avoir des stratégies communes », a déclaré
Alexander Ossipov, du Centre « Memorial » de défense des droits humains.

« Ne pas demander des comptes à ceux qui commettent, encouragent ou
approuvent les violences racistes a fréquemment pour effet d’aggraver le
problème et contribue à instaurer un climat d’impunité dont profitent ceux
qui commettent de tels actes », a déclaré Amnesty International.

Complément d’information
Le rapport d’Amnesty International intitulé « Vos papiers ! » La
discrimination raciale en Fédération de Russie se termine par une série de
recommandations au gouvernement russe et à la communauté internationale afin
d’améliorer le respect du droit de toutes les personnes vivant dans le pays
à ne pas être soumis à la discrimination raciale. Ce rapport est publié dans
le cadre d’une vaste campagne menée par Amnesty International à l’échelle
mondiale contre les violations des droits humains dans la Fédération de
Russie. Cette campagne a pour but de mettre en lumière le décalage qui
existe entre la protection des droits fondamentaux, garantie par le droit
national et international et la réalité des très nombreuses violations de
droits humains commises en Fédération de Russie dans un climat d’impunité.

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