FRANCE. Le chef de l’État est instamment prié de ne pas stigmatiser les Roms et les Gens du voyage

ÉFAI - 22 juillet 2010

Amnesty International demande au président de la République française, Nicolas Sarkozy, de prendre des mesures pour combattre la discrimination contre les Roms et les Gens du voyage en France, à quelques jours d’une réunion qui portera sur les « problèmes » liés aux « comportements » de ces personnes.

Ce mercredi 21 juillet, le chef de l’État français a annoncé la tenue, la semaine prochaine, d’une réunion spéciale qui traitera des «  problèmes que posent les comportements de certains parmi les Gens du voyage et les Roms » et qui « décidera les expulsions de tous les campements en situation irrégulière ».

L’annonce du président Sarkozy a été faite à la suite des violences commises à Saint-Aignan, dans le Loir-et-Cher, par des Gens du voyage qui protestaient contre la mort d’un jeune membre de cette communauté, tué par un gendarme alors qu’il était passager d’une voiture dont le conducteur aurait refusé d’obéir à une injonction de s’arrêter.

« Nous sommes préoccupés par le fait que la réaction du président français à une série d’événements spécifiques puisse sembler viser les Roms et les Gens du voyage en général et perpétuer les stéréotypes négatifs dont ils sont victimes, a déclaré David Diaz-Jogeix, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Les autorités françaises devraient plutôt chercher à lutter contre la discrimination à laquelle ces personnes sont depuis longtemps confrontées sur le plan juridique et au sein de la société, et veiller à ce que des enquêtes approfondies et impartiales soient menées sur les circonstances ayant entouré les coups de feu et sur les éventuelles infractions commises par la suite », a ajouté David Diaz-Jogeix.

Quelque 400 000 personnes itinérantes, de nationalité française, sont déjà soumises à des obligations discriminatoires : elles doivent se présenter régulièrement aux services de police et être enregistrées depuis trois ans dans une municipalité pour obtenir le droit de vote.

En outre, il n’existe pas, pour les Gens du voyage, assez de lieux de halte autorisés qui leur permettraient de conserver leurs modes de vie et leurs métiers traditionnels.

Il est estimé qu’environ 20 000 Roms originaires de l’est et du centre de l’Europe vivent actuellement en France, pour beaucoup dans des campements non autorisés.

Amnesty International a également demandé aux autorités françaises de se conformer au droit international lors de toute expulsion de Roms ou de Gens du voyage.

Aucune expulsion, même d’un campement illicite, ne doit intervenir tant que toutes les autres possibilités n’ont pas été épuisées, après consultation de l’ensemble des occupants concernés, et que des solutions de relogement convenable n’ont pas été proposées.

« Personne ne doit rester sans abri à la suite d’une expulsion, et une expulsion ne doit en aucun cas être réalisée dans le but d’inciter des migrants à quitter le pays », a souligné David Diaz-Jogeix.

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