Iran. Exécution de cinq prisonniers politiques

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI-
11 mai 2010

Amnesty International a condamné ce mardi 11 mai 2010 l’exécution, en Iran, de quatre militants politiques kurdes et d’un cinquième ressortissant iranien, tous déclarés coupables de mohareb (inimitié à l’égard de Dieu).

Mehdi Eslamian et les quatre Kurdes – Farzad Kamangar, Ali Heydarian, Farhad Vakili, Shirin Alam-Holi – ont été pendus le dimanche 9 mai dans la prison d’Evin, à Téhéran.

Ces cinq personnes étaient accusées d’« inimitié à l’égard de Dieu » et d’avoir commis des « actes terroristes ». Ce chef d’inculpation, ainsi formulé en des termes vagues, peut entraîner la peine de mort et est généralement prononcé contre ceux qui prennent les armes contre l’État.

« Nous condamnons ces exécutions, qui ont été appliquées sans aucun avertissement. Malgré la gravité des accusations, les cinq personnes se sont vu refuser le droit à des procès équitables. Trois d’entre elles ont été torturées, et deux forcées de faire des "aveux" sous la contrainte », a déclaré Malcolm Smart, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

« Elles ont ensuite été exécutés, en violation du droit iranien qui dispose que les autorités ont le devoir de prévenir les avocats des accusés avant toute exécution. »

Farzad Kamangar, Ali Heydarian et Farhad Vakili avaient été condamnés à mort en raison de leur appartenance présumée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) – un groupe turc d’opposition armée qui a combattu contre le gouvernement turc – et de leur participation supposée aux activités de ce groupe.

Shirin Alam-Holi, la seule femme parmi ces cinq suppliciés, était accusée d’appartenance à un autre groupe kurde, le Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK), un groupe armé iranien interdit en Iran.

La cinquième personne, Mehdi Eslamian, était accusée d’avoir fourni une aide financière à son frère, exécuté début 2009 pour sa participation présumée à un attentat à la bombe dans une mosquée à Shiraz, en avril 2008.

« Ces dernières exécutions semblent constituer une tentative flagrante d’intimidation à l’égard de la minorité kurde et d’autres critiques et opposants au gouvernement, alors que l’on approche du premier anniversaire, le 12 juin, de l’élection présidentielle contestée de l’an dernier », a ajouté Malcolm Smart.

Mehdi Eslamian aurait été torturé, notamment flagellé et battu ; il n’a pas été autorisé à recevoir des soins pour les blessures qui lui avaient été infligées alors qu’il était détenu et forcé de faire des « aveux ».

Farzad Kamangar avait été détenu pendant sept mois avant d’être autorisé à voir sa famille. D’après une lettre qu’il a lui-même écrite et qui a circulé sur Internet en avril 2008, cet enseignant a été torturé à plusieurs reprises après son arrestation en mai 2006. Il a été fouetté et maintenu dans une pièce à des températures glaciales ; les gardiens ont joué au foot avec son corps, l’encerclant et le rouant de coups alors qu’ils se le passaient entre eux.

Dans une lettre écrite en prison, Shirin Alam-Holi disait qu’elle faisait des cauchemars du fait des sévices infligés par ses tortionnaires.

Elle a été frappée à maintes reprises, y compris sur la plante des pieds, elle a reçu des coups de pied dans le ventre qui lui ont provoqué des hémorragies internes et elle a été alimentée de force à l’aide de tubes nasaux – qu’elle a arrachés en guise de protestation, se blessant au nez. Elle a déclaré avoir enregistré des « aveux » sur une vidéo après avoir reçu une injection, une fois hospitalisée.

Les détenus sont souvent maintenus à l’isolement pendant de longues périodes dans des lieux de détention échappant au contrôle de l’appareil judiciaire, ce qui les fait courir de sérieux risques d’être torturés ou autrement maltraités.

En Iran, les procès sont fréquemment inéquitables, les détenus se voyant régulièrement refuser le droit de consulter un avocat. En dehors de Téhéran, les procédures sont souvent sommaires, d’une durée de quelques minutes seulement.

L’Iran est l’un des pays où le taux d’exécutions est le plus élevé au monde. Amnesty International a recensé à ce jour 80 exécutions depuis le début de l’année 2010.

« Amnesty International invite les autorités iraniennes à suspendre les exécutions. Entre temps, il faut une transparence absolue sur l’utilisation de la peine de mort en Iran et il incombe aux autorités de respecter au moins leurs propres lois sur les exécutions », a déclaré Malcolm Smart.


Complément d’information

Dans sa résolution 2005/59, adoptée le 20 avril 2005, la Commission des droits de l’homme des Nations unies engageait tous les États maintenant la peine de mort à « rendre publics les renseignements concernant l’application de la peine de mort et toute exécution prévue ».

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