Syrie. Kareem Arabji et Muhammad Dekalbab risquent un procès inéquitable

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI

Kareem Arabji et Muhammad Dekalbab doivent comparaître les 8 et 9 juin devant les tribunaux syriens ; à l’issue de leurs procès ils pourraient se voir condamner à des peines d’emprisonnement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, a déclaré Amnesty International vendredi 6 juin.

L’organisation considère qu’ il y a de fortes probabilités qu’ils soient des prisonniers d’opinion, qui devraient être libérés immédiatement.

« Les procès d’Arabji et de Dekalbab s’inscrivent dans le cadre d’une campagne plus large menée par les autorités syriennes pour faire taire les partisans pacifiques d’une réforme et toutes les personnes qui expriment des idées non conformes à celles de l’État », a déclaré Amnesty International.

Kareem Arabji, âgé de trente ans, consultant en affaires, doit comparaître devant la Cour suprême de sûreté de l’État (SSSC) le 8 juin. Arabji a été arrêté par le Service des renseignements militaires syrien le 7 juin 2007. Il a été maintenu en détention, privé de tout contact avec le monde extérieur pendant presque une année et pourrait avoir été torturé durant cette période.

« Arabji a été inculpé de « diffusion de nouvelles fausses ou exagérées susceptibles d’affecter le moral du pays ». Amnesty International pense que cette accusation est en rapport avec son activité en tant que modérateur du forum internet pour la jeunesse Akhawia, ainsi qu’avec les articles qu’il a pu mettre en ligne.

Muhammad Bedia Dekalbab, cinquante-neuf ans, membre de l’Organisation nationale de défense des droits humains, non autorisée, doit comparaître devant le tribunal militaire de Damas le 9 juin. Dekalbab a été arrêté le 2 mars 2008 et inculpé de « diffusion d’informations fausses ou exagérées... susceptibles de nuire au prestige de l’État » pour avoir écrit un article critiquant le manque de liberté d’expression en Syrie.

Les procès devant la Cour suprême de sûreté de l’État et les tribunaux militaires sont généralement inéquitables et les dossiers reposent souvent sur des charges formulées en termes vagues et interprétées de façon extrêmement large par les autorités syriennes. En outre, les « aveux » obtenus sous la torture ou par les mauvais traitements sont acceptés comme preuve.

« Le risque est grand pour Arabji et Dekalbab de se voir condamner à des peines inéquitables, les cours de sûreté syriennes étant connues pour infliger des peines sévères aux personnes en désaccord avec le politique menée par le parti Baas au pouvoir, a déclaré Amnesty International.


« Nous demandons instamment aux autorités syriennes de libérer ces deux hommes, ainsi que toutes les personnes arrêtées pour avoir exprimé leur opinion. »

Complément d’information

Parmi les autres personnes détenues en Syrie pour avoir exprimé leur opinion se trouve Habib Saleh, écrivain et partisan pacifique d’une réforme ; arrêté le 7 mai 2008, on ignore où il est détenu ; il n’a aucun contact avec le monde extérieur. Habib Saleh, deux fois adopté par Amnesty International comme prisonnier d’opinion, aurait été arrêté pour avoir posté des commentaires sur le Net.

Le 10 mai 2008, Tariq Bayasi, propriétaire d’un magasin d’informatique, a été condamné à l’issue d’un procès inéquitable devant la Cour suprême de sûreté de l’État à trois années d’emprisonnement pour avoir posté sur Internet des commentaires critiques pour les autorités. Il a été reconnu coupable d’avoir affecté « le moral du pays » et « affaibli les sentiments nationalistes ».

Le 7 avril 2008, Firas Saad, poète, a été condamné par la Cour suprême de sûreté de l’État à quatre années d’emprisonnement. Sa condamnation serait due à des articles qu’il a publiés sur Internet au sujet du conflit de 2006 entre Israël et le Hezbollah et à propos de l’écrivain emprisonné Michel Kilo.

Michel Kilo lui-même a été condamné le 13 mai 2007 à trois années d’emprisonnement par le tribunal pénal de Damas pour avoir affecté « le moral du pays » en signant une pétition ouverte concernant les relations syro-libanaises.

Le 23 avril le Premier tribunal pénal militaire de Damas a déclaré Kamal al Labwani coupable de « diffusion de nouvelles fausses ou exagérées susceptibles d’affecter le moral du pays ». La peine prononcée à l’issue de ce procès s’ajoute aux douze années de sa peine en cours, prononcée pour sa défense de l’idée d’une réforme pacifique du pays.

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