Mozambique : Une police violente qui s’arroge le « droit de tuer »

Dans un rapport rendu public ce mardi 29 avril, Amnesty International révèle l’ampleur de la violence policière au Mozambique et décrit comment la police tue et torture en bénéficiant d’une impunité presque totale.

«  Au Mozambique, la faiblesse du système de responsabilisation au sein de la police est telle que les policiers semblent considérer qu’ils ont le droit de tuer », a expliqué Michelle Kagari, directrice adjointe du programme Afrique d’Amnesty International.

« Dans la grande majorité des cas de violations des droits humains commises par des policiers, y compris des homicides illégaux, il n’y a pas d’enquête ni d’action disciplinaire contre le responsable et aucun policier n’est poursuivi. »

La police mozambicaine a un nombre important de défis à relever : taux de criminalité élevé ; nombreuses affaires pénales en attente de jugement ; malfaiteurs qui se rendent coupables de violences contre des policiers. Cette situation a donné lieu à des pressions de l’opinion publique qui souhaite que la police intervienne de manière décisive et avec force contre la criminalité. La police s’est attaquée à ces défis en ayant recours à une force excessive, allant jusqu’aux homicides illégaux de suspects.

Dans de nombreux cas, ce recours excessif à la force a fait des victimes et certains de ces homicides semblent avoir été illégaux.

Le 5 février 2008, la police mozambicaine a tiré sur des personnes qui manifestaient contre la hausse des prix du transport dans la ville de Maputo. Trois personnes ont été tuées et trente autres blessées par des balles perdues. Des manifestations similaires ont eu lieu le 11 février dans les provinces d’Inhambane et de Gaza, où la police a également tiré à balles réelles sur la foule. Un porte-parole de la police a déclaré que des balles réelles avaient été utilisées parce que certains policiers avaient été « pris par surprise » par les manifestants.

Le 14 août 2007, des policiers étaient venus chercher Abrantes Afonso Penicela à son domicile et l’avaient précipité dans une voiture. Selon lui, les policiers lui avaient injecté un produit toxique et l’avaient conduit dans un endroit isolé où ils l’avaient frappé jusqu’à ce qu’il perde connaissance. Les policiers lui avaient tiré une balle dans la nuque et avaient mis le feu à ses vêtements, le laissant pour mort. Abrantes Afonso Penicela avait miraculeusement survécu à cette attaque et avait réussi à ramper jusqu’à la route où des personnes l’avaient trouvé et l’avaient emmené à l’hôpital. Il avait eu le temps de raconter à sa famille et à la police ce qui lui était arrivé, avant de succomber à ses blessures dans la nuit. Aucun policier n’a été arrêté à la suite de cet homicide.

Le plus souvent, la police reste sourde aux demandes de la population, ne fournissant que très peu d’informations à ceux qui portent plainte contre des policiers pour violations des droits humains. Les victimes ne reçoivent quasiment jamais de réparations pour ces violations.

« Tout policier soupçonné d’implication dans des violations des droits humains doit être tenu de rendre des comptes, a déclaré Michelle Kagari. Il faut que les policiers sachent qu’ils ne peuvent torturer, donner des coups et tuer en toute impunité. Pour que le maintien de l’ordre puisse s’améliorer un jour au Mozambique, les policiers doivent être amenés à rendre compte de leurs actes. »

Dans son rapport, Amnesty International exhorte les autorités mozambicaines à prendre des mesures pour éviter avant tout que des violations des droits humains ne soient commises. L’organisation recommande également que le code de conduite de la police soit révisé pour le rendre conforme aux normes internationales.

Les recommandations d’Amnesty International concernant le maintien de l’ordre au Mozambique, et le rapport complet intitulé Licence to Kill : Police accountability in Mozambique se trouvent sur le site de l’organisation.

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