Kenya. Le gouvernement doit protéger la population contre les attaques à caractère politique et interethnique

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Amnesty International a appelé ce vendredi 25 janvier le gouvernement kenyan à prendre les mesures qui s’imposent pour protéger les habitants contre les atteintes aux droits humains résultant des attaques à caractère politique et interethnique qui se poursuivent dans le pays depuis l’élection présidentielle controversée du mois de décembre.

« Le gouvernement a l’obligation de protéger ses citoyens contre les attaques à caractère politique et interethnique, mais il doit le faire en ayant recours à la force uniquement lorsque cela est nécessaire, et d’une manière proportionnelle à la gravité de la menace », a déclaré Erwin van der Borght, directeur du programme Afrique d’Amnesty International.

Les normes internationales relatives au maintien de l’ordre public disposent que les armes à feu ne doivent pas être utilisées sauf en cas d’une menace imminente de mort ou de blessure grave, et seulement lorsque des mesures moins extrêmes sont insuffisantes.

« La classe politique kenyane ne doit pas encourager implicitement ou explicitement la violence à caractère politique ou interethnique, a ajouté Erwin van der Borght. Elle doit en particulier éviter de faire des déclarations prônant ou étant perçues, dans le climat actuel, comme prônant la haine, ou incitant à la discrimination, l’hostilité ou la violence interethnique, de telles déclarations étant interdites par le droit international relatif aux droits humains. »

Des bandes armées continuent de se rendre coupables dans plusieurs endroits du pays d’homicides à caractère politique et interethnique. La plupart des violences visent des populations perçues comme ayant apporté leur soutien au président Kibaki, en particulier les membres de l’ethnie des Kikuyus.

Des cas de violences spontanées ou organisées ont été signalés récemment dans certains endroits de la Vallée du Rift.

Le 22 janvier, des bandes armées ont tué sept Kikuyus et Kisiis à Kipkelion et ont brûlé 70 habitations dans la région d’Aldai (province de la Vallée du Rift).

Des attaques organisées ont également été menées contre des personnes déplacées qui cherchaient refuge près des habitations qu’elles avaient dû quitter en raison des violences. Le 19 janvier, au moins cinq personnes qui étaient venues chercher refuge dans un camp pour personnes déplacées situé près d’un monastère ont été tuées après avoir été attaquées par un groupe de jeunes armés d’arcs, de flèches et de lances dans le district de Kipkelion (Vallée du Rift).

Des attaques organisées ont également été menées contre des membres de communautés perçues comme ayant soutenu le candidat de l’opposition Raila Odinga lors de l’élection présidentielle litigieuse de décembre. De telles attaques ont été signalées dans certains quartiers de Nairobi, dans les bidonvilles de Mathare et Kibera en particulier, et à Molo dans la province de la Vallée du Rift.

Amnesty International a appelé le gouvernement kenyan à faire le nécessaire pour que ces violences fassent l’objet d’une enquête indépendante et impartiale. Les personnes soupçonnées d’être responsables d’homicides et d’autres atteintes aux droits humains doivent être déférées à la justice et jugées dans le cadre d’une procédure conforme aux normes internationales d’équité. Les victimes et leur famille doivent pouvoir exercer leur droit à réparation y compris sous forme d’indemnisations.

Complément d’information

Selon les chiffres donnés par le gouvernement, environ 680 personnes ont été tuées depuis le 30 décembre, mais certaines sources indiquent que le nombre de victimes pourrait être beaucoup plus élevé. Parmi les victimes figurent les personnes abattues par les policiers qui avaient été déployés pour contenir la violence ou disperser les rassemblements organisés par l’opposition pour protester contre les résultats de l’élection.

Les Nations unies estiment que les violences ont provoqué le déplacement de plus de 255 000 personnes à l’intérieur du pays, tandis que plus de 6 000 autres sont allées se réfugier en Ouganda.

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