Capturer l’injustice et dénoncer l’indifférence

Pierre Gonda, passionné de photographie, a remporté le prix Amnesty International dans le cadre du concours Parallax avec son cliché intitulé L’indifférence.
Ce concours récompense les talents émergents des arts numériques qui s’attachent à exprimer une préoccupation sociale via leurs oeuvres. L’heureux lauréat a accepté de répondre à quelques questions du Fil d’Amnesty.

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots et expliquer ce qui vous a amené à vous passionner pour la photographie, notamment engagée ?

J’ai 60 ans et je suis secrétaire juridique dans un bureau d’avocat·e·s. Il y a trois ans, j’ai participé à un concours photo des Collégiales de Liège avec mon smartphone. Mes clichés ont été remarqués par la Ville de Liège, ce qui m’a incité à investir dans un appareil photo. Après avoir suivi quelques cours pour apprendre les bases techniques, j’ai participé une nouvelle fois à ce concours et j’ai remporté le deuxième prix du Public. Cela m’a encouragé à continuer dans cette voie, et je suis tombé sur le concours Parallax qui recherchait des photos liées à des problèmes de société tels que l’intolérance ou l’injustice. J’ai décidé de me focaliser sur quelque chose d’assez frappant à Liège : la pauvreté et la situation des personnes sans domicile fixe, une thématique qui m’a toujours touchée et à laquelle je suis sensible.

Pouvez-vous nous parler de votre photo et de la signification derrière le titre L’indifférence ?

Cette photo représente la dualité entre l’opulence et la misère, avec d’un côté une terrasse confortable et de l’autre une personne sans-abri dissimulée sous des cartons. Le titre souligne l’apathie des passant·e·s face à cette réalité. Je l’ai choisi pour sensibiliser à la précarité et à l’indifférence qui persistent dans notre société.

Quel message souhaitez-vous transmettre avec cette photo et quel impact espérez-vous avoir sur les spectateur·rice·s ?

Mon but était de choquer et de visibiliser ces personnes auxquelles trop de gens ne font plus attention. Le problème du sans-abrisme ne doit pas devenir une norme et nous devons prendre conscience de notre pouvoir d’action face à cette société de surconsommation. Si une seule personne était incitée à agir après avoir vu cette photo, ne serait-ce qu’en adressant un simple « bonjour » la prochaine fois qu’elle croisera une personne sans- abri sur le chemin du travail, plutôt que de l’ignorer, ce serait une victoire pour moi. Nous devons cesser de détourner le regard et reconnaître notre responsabilité envers les plus vulnérables. Je souhaite sincèrement que cette image suscite une réflexion sur les inégalités sociales et encourage l’action.

Qu’est-ce que cela représente pour vous de voir votre travail reconnu par Amnesty International ?

Recevoir le prix Amnesty International a été une immense surprise pour moi. Les réactions positives des personnes engagées et sensibles aux problèmes sociaux présentes lors de la remise des prix ont renforcé mon sentiment de satisfaction. Savoir que mon message a été compris à travers ma photo m’a profondément touché.

En quoi la photographie peut-elle être un outil puissant pour sensibiliser aux droits humains et aux injustices dans le monde ?

Les photos percutantes éveillent les consciences sur la réalité de certaines situations. Parfois, une image vaut mille mots, surtout quand il s’agit de transmettre des émotions. Une photo forte permet de marquer les esprits en une fraction de seconde et de susciter, je l’espère, l’envie d’agir.

L’indifférence est exposée au Food Corner de la Grand Poste de Liège jusqu’au 22 avril 2024.
D’après les informations qui ont été transmises au Fil d’Amnesty, des infirmières de rue assurent un suivi de la situation de la personne qui figure sur la photo. Elle est apparemment en bonne santé, mais toujours en situation de sans-abrisme.

La photo illustrant l’article est celle qui a gagné le prix du concours Parallax © Pierre Gonda

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